Dernière mise à jour à 08h29 le 22/02
Vers 07h00, Yang Shishi est arrivé à la gare de son bourg, traînant un chariot lourd chargé de 50 kilos de ciboulette chinoise. Il est venu dans cette même gare pendant environ deux décennies, et peut ainsi prendre l'un des trains de couleur verte pour la ville.
M. Yang, âgé de plus de 70 ans, est un agriculteur du bourg pauvre de Pan'an, de la ville de Tianshui, dans la province chinoise du Gansu (nord-ouest).
Le train à vitesse réduite est le seul à s'arrêter à Pan'an. Il prend une heure pour parcourir les 60 kilomètres pour rejoindre Tianshui. Ce train fonctionne depuis 63 ans et prend des passagers dans 13 gares dans l'un des arrière-pays les plus pauvres de la Chine.
Contrairement aux trains à grande vitesse rutilants qui passent rapidement par les nouvelles gares de grands districts et villes du pays, les trains à vitesse réduite qui fonctionnent depuis plusieurs décennies sont toujours populaires parmi les habitants ruraux dans les régions pauvres, et représentent un moyen de transport bon marché et pratique.
Le train passe par trois districts et un arrondissement. Il fait un aller-retour entre le district de Longxi et Tianshui chaque jour et compte 13 arrêts. Le voyage simple de 146 kilomètres prend trois heures et coûte 9,50 yuans (1,40 dollar).
Ces trains n'ont pas de système de climatisation et sont souvent complets, avec des passagers et de gros sacs remplis d'objets. Pour de nombreuses régions rurales, ces trains représentent une ligne de vie, un lien vers le reste du monde et la fortune.
D'autres agriculteurs, comme M. Yang, prennent le train pour la ville. "L'été est notre haute saison", a indiqué la conductrice de train Du Cuilan. "Les agriculteurs transportent leurs fraises, cerises, pêches et raisins. Le wagon devient coloré et l'air est rempli d'une bonne odeur de fruits".
Pour An Xuegen, 55 ans, un agriculteur d'un autre bourg, le train renferme ses souvenirs.
Il y a 36 ans, il a ramené sa fiancée d'un bourg voisin et pris le train pour aller à leur cérémonie de mariage.
"Il n'y avait pas de système de climatisation et les sièges étaient en bois. Nous avons dû rester debout tout le long du trajet", s'est souvenu M. An.
Depuis ces trois décennies, M. An et son épouse ont souvent pris le train et témoigné de ces changements.
En 2015, le Bureau des chemins de fer de Lanzhou a amélioré le service à bord du train et décoré l'intérieur.
De nouvelles housses de sièges ont été installées et les peintures refaites. Lors de la fête du Printemps, des petits spectacles sont organisés dans les wagons.
Malgré les améliorations, le prix du billet reste inchangé. "Pour les personnes pauvres ou qui ont des difficultés financières, c'est important", a expliqué Mu Chenghui, un responsable de la section ferroviaire de Longxi.
"Aussi longtemps que les gens auront besoin de ce train, nous maintiendrons son fonctionnement", a poursuivi M. Mu.