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Calissons français ou « Kalisong » chinois ? La justice chinoise donne raison à la France

le Quotidien du Peuple en ligne | 14.12.2017 10h31

Nouvelle preuve que la Chine, longtemps accusée de copier, voire de se livrer à la contrefaçon, attache une importance croissante aux droits de propriété intellectuelle, l'administration chinoise a donné raison après des mois de casse-tête aux fabricants de calissons, une délicieuse spécialité à base d'amandes et de melon originaire de la région d'Aix-en-Provence face à un homme d'affaires chinois qui avait enregistré dans son pays le nom de cet emblème culinaire de la Provence, un lieu très prisé des touristes chinois.

Dans sa décision, l'office chinois des marques a rejeté les prétentions de Ye Chunlin, un entrepreneur de la province du Zhejiang (Est de la Chine), au sujet de la marque « Calisson d'Aix ». En 2015, il avait demandé à la faire enregistrer, ainsi que l'appellation « Kalisong », transposition phonétique en langue chinoise du nom de l'iconique friandise en forme de losange recouverte d'un glaçage blanc. Cet enregistrement, publié quelques mois après son dépôt et officiellement acté fin août 2016 avec une validité de dix ans, avait suscité un émoi légitime dans le petit monde des confiseurs aixois : protégés en France, cette décision aurait pu avoir pour conséquence de les voir se faire barrer l'entrée du vaste et lucratif marché chinois, où ces gourmandises sont aussi très appréciées.

L'Office chinois des marques leur a donné raison et a reconnu l'antériorité de l'appellation patrimoniale française « Calisson d'Aix », soulignant que la demande de Ye Chunlin « ne présentait pas de caractère distinctif et pourrait facilement induire les consommateurs en erreur sur l'origine des produits », à la grande satisfaction de Laure Pierrisnard, qui dirige l'Union des fabricants de calissons d'Aix, pour qui « c'est une vraie victoire ». C'est elle qui était allée devant la justice chinoise au nom des douze fabricants de calissons d'Aix-en-Provence face à ce qu'elle qualifiait de « dépôt opportuniste ».

L'affaire n'est pas une première ; de nombreux groupes occidentaux en ont été victimes en Chine, découvrant au moment d'y commercialiser leurs produits que leur marque y avait déjà été enregistrée par une société locale, comme ce maroquinier chinois qui avait déposé en 2007 la marque « IPHONE » pour la catégorie des produits en cuir, au grand dam du géant américain de l'électronique Apple, qui a perdu un procès contre lui. Il en était allé de même quand la justice avait donné raison en 2015 à un groupe chinois utilisant le nom du fabricant de chaussures New Balance.

Il semble qu'aucun calisson n'ait eu le temps de sortir d'une quelconque ligne de production en Chine, mais le danger était bien là, car le seul dépôt de la marque risquait d'interdire le juteux marché chinois aux calissonniers aixois, dont certains rêvent d'une expansion internationale comparable à celle du macaron, probablement la plus célèbre des pâtisseries françaises. Autre conséquence de cette mésaventure qui a bien tourné, les fabricants, secoués par la flambée du cours de l'amande, en proie à la spéculation et aux aléas du climat, se sont remobilisés pour tenter d'obtenir une demande d'indication géographique protégée (IGP), espérant déposer un dossier « début 2018 ».

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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