La Communauté internationale a réagi, à travers des communiqués relayés mercredi par ses représentations à Madagascar, au retour surprise de l'ancien président malgache Marc Ravalomanana, qui s'était exilé en Afrique du Sud depuis plus de cinq ans.
La présidente de la Commission de l'Union Africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, a déclaré mercredi qu'elle "regrette l'animation par l'ancien Président Ravalomanana d'une conférence de presse quelques heures seulement après son retour, et condamne fermement les propos qu'il a tenus à cette occasion".
"Ce retour s'est effectué sans concertation ni avec les autorités malgaches ni avec la Communauté de développement de l' Afrique australe (SADC)", a-t-elle précisé. Elle a souligné que la remise en cause de la légitimité des institutions malgaches, issues d'élections libres et démocratiques et dont les résultats ont été reconnus par l'ensemble de la communauté internationale, y compris l'UA et la SADC, est "une provocation inadmissible".
De son côté, l'ambassadeur de l'Union Européenne à Madagascar, Antonio-Sanchez Benedito Gaspar, dans un communiqué, a affirmé avoir partagé la position de l'UA.
L'action unilatérale de M. Ravalomanana et les propos qu'il a tenus "compromettent les acquis démocratiques obtenus à la suite d'un long et difficile processus de sortie de crise appuyé par la communauté internationale, y compris par l'UE", selon le communiqué de l'UE.
L'UE "soutient pleinement les institutions élues démocratiquement et elle est prête à continuer à appuyer, en tant que partenaire privilégié de Madagascar, leurs efforts de développement et redressement économique", dit le communiqué.
La France, à travers une déclaration du porte-parole du Quai d' Orsay relayée par son ambassade à Madagascar, déclare "soutenir la position très claire exprimée par l'UA, qui a condamné les propos tenus par l'ancien président Ravalomanana après son retour à Madagascar sans accord politique ni concertation".
Le chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis à Madagascar, Stephen C. Anderson, a "réaffirmé le soutien du gouvernement américain envers le gouvernement élu de manière démocratique à Madagascar, dirigé par le président Rajaonarimampianina".
Le diplomae américain a aussi souligné "l'importance de la réconciliation politique nationale comme étant essentielle si l'on veut que Madagascar parvienne à la stabilité politique et le développement économique qui permettront d'améliorer la vie du peuple Malagasy".
Dans leur prise de position, l'UA, l'UE, la France et les Etats- Unis ont mis l'accent sur les principes d'apaisement et de réconciliation nationale.
Rentré d'Afrique du Sud lundi, Marc Ravalomanana s'est montré en public à son domicile à Antananarivo, déclarant que "j'étais président en exercice quand j'ai quitté le pays, maintenant que je suis de retour, le peuple malgache sait ce qu'il a à faire".
Peu après cette conférence de presse, les éléments du Groupe de sécurité et d'interventions spéciales (GSIS) malgache et de l'Etat- Major Mixte Opérationnel de la Région (Emmo-Reg) l'ont emmené. Le président Rajaonarimampianina a soutenu, dans une déclaration à la nation, que M. Ravalomanana n'a pas été arrêté ni emprisonné mais a été mis en sécurité contre les menaces de toutes sortes.
Selon une déclaration de la primature malgache publiée sur son site internet, l'ancien président est en bonne santé et qu'il est placé dans un lieu bien sécurisé et convenable.
Marc Ravalomanana, âgé de 63 ans, a été élu président malgache lors de l'élection présidentielle en décembre 2001 et réélu en décembre 2006. Suite à une vague de protestation antigouvernementale déclenchée en décembre 2008, par le maire d'Antananarivo de l'époque Andry Rajeolina, il a été contraint de quitter le pouvoir sous la pression des militaires en mars 2009 et de s'exiler en Afrique du Sud.
Madagascar a été géré depuis lors par un pouvoir de transition ayant à sa tête Andry Rajoelina, non reconnu par la communauté internationale. Sous la médication de la SADC, le pays a tenu les élections en décembre 2013.
M. Ravalomana a tenté en vain, à plusieurs reprises, de rentrer dans son pays.