Les membres du Conseil national de transition centrafricain (CNT, Parlement provisoire), réunis en session ordinaire mercredi à Bangui, ont interpellé le Premier ministre Mahamat Kamoun sur les violences meurtrières ayant secoué la capitale du pays la semaine dernière, puis la gestion critiquée d'un financement de 10 millions de dollars octroyé par l'Angola.
Pendant quatre jours, entre le 8 et le 12 octobre, la capitale de la République centrafricaine (RCA) a été le théâtre d'une nouvelle escalade de violences où plus d'une dizaine de personnes ont été tuées et plus de 40 autres blessées, sans oublier de nombreuses maisons brûlées et incendiées, selon un bilan établi par la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Un Casque bleu de nationalité pakistanaise figure parmi les victimes de ces violences par ailleurs à l'origine d'environ 6.500 déplacés,ont en outre rapporté les Nations Unies. Se fondant sur les dispositions de la Charte constitutionnelle adoptée en juillet 2013 après la prise du pouvoir quatre mois auparavant de Michel Djotodia, leader de l'ex-coalition rebelle de la Séléka, les membres du Conseil national de transition ont dit interpeller le Premier ministre Mahamat Kamoun pour des " explications sur cette recrudescence de violence".
Du chef du gouvernement d'union nationale et de transition nommé le 22 août par la présidente de transition Catherine Samba- Panza après la démission d'André Nzpayéké suite à l'accord de cessez-le-feu du 23 juillet à Brazzaville (Congo), les " représentants du peuple"centrafricain affirment aussi attendre des "réponses claires" sur les "mesures prises pour mettre fin à cet état de chose". Ils se sont aussi montrés intéressés par la nature et les modalités de gestion d'un financement angolais de 10 millions de dollars (environ 5 milliards de francs CFA) octroyé aux autorités de transition, en réponse à une demande d'aide d'urgence pour la gestion de la crise.
Selon un article publié par le magazine Jeune Afrique, basé à Paris en France, une partie de ces fonds, soit 2,5 millions de dollars (1,25 milliard de francs CFA), est soupçonnée d'avoir " pris une autre direction".
Face à l'institution législative provisoire la semaine dernière, selon une source à la présidence, la présidente de la transition Catherine Samba-Panza, objet d'une campagne d'appel à la démission animée par une partie de la classe politique et des groupes armés comme les ex-Séléka et les milices anti-Balakas, avait déjà pourtant justifié elle-même l'utilisation du "don" angolais.
Apparemment, ces explications n'ont pas suffi à convaincre. Pour le CNT, il est question de savoir si l'argent reçu est "un don ou un prêt consenti par les Angolais" et à quelles fins son utilisation a-t-elle servi.