Dernière mise à jour à 08h54 le 07/12
À la fin du Moyen Âge, Paris, comme d'autres villes, a vécu dans la peur des loups tuant des bébés dans leurs berceaux et sortant de terre des corps nouvellement enterrés dans des cimetières. C'est pourquoi des rapports affirmant qu'ils ont été aperçus dans la région pour la première fois depuis au moins 100 ans ont provoqué certains frissons dans une ville qui a un sens aigu de sa propre histoire. Jean-Luc Valérie, président de l'Observatoire du Loup, association créée par 15 scientifiques, a déclaré : « Le loup est aux portes de Paris ». Certains auraient ainsi été vus dans certaines parties de la banlieue parisienne, comme la forêt de Rambouillet à l'Ouest de la capitale et les champs à l'Est.
Selon M. Valérie, les loups, qui peuvent voyager jusqu'à près de 40 km en une nuit, sont probablement arrivés dans la région à la recherche de proies depuis leur territoire au milieu des vignobles de Champagne. Il a prédit que dans les 18 mois, des meutes auront établi une base dans la région parisienne. Le gouvernement a lui-même admis que les loups sont « à l'Est du bassin parisien » mais a nié qu'ils soient présents dans la région elle-même.
M. Valérie a accusé les responsables de cacher la vérité par crainte d'enflammer les passions dans un pays où le loup a toujours eu une presse particulièrement mauvaise. Songeons, par exemple, aux propos du comte de Buffon, un des plus importants naturalistes du 18e siècle, qui écrivait : « Désagréable de toutes façons. … Avec une nature perverse et des habitudes féroces. ... Il est odieux et nuisible vivant, et inutile mort ». Les chasseurs ont tué tant de loups que ces animaux, qui étaient présents dans 90% du pays au 15e siècle, avaient tout simplement disparu en 1930. Ils ont réapparu en 1992, en traversant les Alpes en provenance d'Italie, où ils étaient protégés.
Selon le Ministère de l'environnement, il y aurait actuellement environ 300 loups en France et ils se sont propagés de la Provence à la Champagne dans le Nord. Les écologistes sont ravis, mais les agriculteurs le sont beaucoup moins, ayant perdu environ 9 000 moutons tués par les loups l'année dernière. Les responsables locaux peuvent autoriser les chasseurs autorisés à tuer des loups lorsque les agriculteurs ont subi des « dommages importants », en dépit du statut protégé de l'animal. Chaque année, le gouvernement établit un chiffre du nombre maximal d'animaux pouvant être tués : pour l'année jusqu'en juin 2017, ce chiffre est de 36 -trop peu pour certains agriculteurs. La France compte d'ailleurs toujours la fonction de Lieutenant de louveterie, un officier public chargé de la chasse des loups, un titre formellement créé au 15e siècle, mais qui existait déjà au 9e siècle, sous le règne de Charlemagne.