Dernière mise à jour à 08h45 le 12/04
En Amérique du Nord, les lacs d'eau douce sont de plus en plus salés à cause du développement et du sel de route utilisé pendant l'hiver, selon une nouvelle étude publiée lundi.
"L'image laisse à réfléchir", a déclaré Hilary Dugan, chercheuse en chef en limnologie à l'Université du Wisconsin-Madison, dans un communiqué. "Pour les lacs, le développement du littoral, aussi petit soit-il, se traduit en risques de salinisation élevés.
L'étude, publiée dans le journal américain "Proceedings of the National Academy of Sciences", est la première analyse de grande ampleur des tendances du chlorure dans les lacs d'eau douce des États-Unis et du Canada.
Elle a analysé 371 lacs d'eau douce, tous plus grands que quatre hectares et affichant des données enregistrées de chlorure d'au moins dix ans.
La majorité des lacs étaient situés dans la région des lacs d'Amérique du Nord, comprenant le Connecticut, le Maine, le Massachusetts, le Michigan, le Minnesota, le New Hampshire, New York, Ontario, Rhode Island, le Vermont, et le Wisconsin.
Les résultats ont montré que les routes, les parkings et les autres surfaces imperméables situés dans un périmètre de 500 mètres des rives d'un lac étaient un indicateur fort des concentrations élevées en chlorure.
Dans la région nord-américaine des lacs, 94 des 134 (soit 70%) lacs affichant plus de 1% de couverture des terres imperméables dans leur zone tampon de 500 mètres ont vu la tendance de concentration en chlorure augmenter.
Lorsque les résultats sont extrapolés à tous les lacs de la région nord-américaine des lacs, environ 7.770 lacs sont exposés à un risque de salinité accrue.
Si les tendances de salinisation actuelles continuent, de nombreux lacs nord-américains dépasseront les niveaux de concentration en chlorure stipulés par l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) dans les 50 prochaines années.
D'après l'étude, l'utilisation du sel de déneigement pour maintenir les routes praticables en hiver a escaladé en Amérique du Nord depuis les années 1940.
Chaque année, environ 23 millions de tonnes de dégivrants à base de chlorure de sodium sont appliquées sur les routes d'Amérique du Nord pour faire fondre la neige et la glace.
Une grande partie de ces sels de déneigement finissent dans les eaux alentours et sont reconnus comme une source majeure de pollution au chlorure dans les nappes phréatiques, les courants, les rivières et les lacs.
"Dans la région nord-américaine des lacs, où le sel de déneigement est une réalité, les routes et autres surfaces imperméables situées dans l'espace de 500 mètres d'une rive lacustre sont à l'origine de la salinisation", a indiqué Kathleen Weathers, scientifique de l'écosystème à l'Institut Cary des Etudes sur l'écosystème et co-auteure de cette étude.
"Nous devons gérer et surveiller les lacs pour faire en sorte que l'eau reste douce et protéger la myriade de services qu'ils fournissent, de la pêche aux loisirs en passant par l'eau potable".