Suite au retour au calme observé dans la capitale, depuis une dizaine de jours, après des incidents meurtriers qui ont provoqué une sorte de psychose dans la ville, les autorités guinéennes multiplient les initiatives en faveur de "la paix et de la réconciliation nationale", dont la mise en place de ce cadre de dialogue entre les parties prenantes au processus électoral.
C'est dans cette optique que s'est tenue lundi au palais du peuple de Conakry une réunion entre les élus locaux et le ministre de l'Administration du territoire et de la Décentralisation, qui a mis l'occasion à profit pour rappeler aux et aux autres la responsabilité leur incombe en ces moments de crise sociopolitique.
Une situation de crise qui tire son origine du blocage observé dans l'avancée vers la tenue d'élections régulières, devant mettre un terme à la transition, qui dure depuis deux ans. Rappelant la nécessité d'organiser le scrutin dans les meilleurs délais, Dr Alhassane Condé a invité les élus locaux, à savoir les chefs de délégation des 5 mairies et les chefs de quartiers à œuvrer à cultiver la paix et la tolérance.
Ce discours fut partagé par d'autres membres du gouvernement ayant pris part à cette rencontre. Il s'agit notamment du ministre de la Justice et Garde des sceaux Maître Christian Sow et son homologue de la Défense Maître Kabèlè Camara. Tous ont appelé les élus locaux à ne pas céder à "la provocation" qui pourrait provenir d'actions posées par des citoyens, et qui soient en porta-faux avec les principes cardinaux de la République.
Cette réunion intervient après une tournée de sensibilisation effectuée la semaine dernière par le gouverneur de la capitale Sékou Resco Camara dans les 5 communes. Celui-ci avait regretté les événements malheureux survenus suite à la marche de l'opposition organisée le 27 février dernier et qui avait dégénéré en affrontements entre forces de l'ordre et manifestants. Des incidents qui ont failli prendre un caractère communautariste.
Le calme est revenu certes mais le pouvoir et l'opposition sont loin d'avoir vidé leurs querelles. Et c'est dans cette optique que le gouvernement guinéen a mis en place un cadre de concertation dont les travaux ont débuté vendredi dernier au palais du peuple de Conakry.
La mise en place du cadre de concertation s'est heurtée à achoppements entre le pouvoir et l'opposition, pour ce qui est de la facilitation du conclave. L'opposition s'étant vu refuser la venue d'un médiateur étranger, comme elle l'aurait souhaité. Le gouvernement à travers le ministre de l'Administration du territoire préfère que les Guinéens puissent régler "leurs différends entre eux, en toute souveraineté". Ce que l'opposition réfute.
Dans une conférence de presse qu'elle a donnée lundi, l'opposition a réitéré cette demande de médiation étrangère, tout en renonçant pour le moment de recourir à des actions de désobéissance civile. Histoire de donner la chance à cette concertation, afin qu'elle puisse aboutir à une sortie de crise.
Le gouvernement guinéen qui a déjà donné des gages de sa bonne foi pour la réussite de ce dialogue, en appelant au gèle des activités de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), pourrait éventuellement donner satisfaction à la demande faite par l'opposition, pour une facilitation mixte, qui consistera à désigner un facilitateur national qui fera l'unanimité dans les deux camps, et la venue d'un facilitateur désigné par la communauté internationale. C'est du moins ce que nous avons appris lundi auprès de ce cadre de concertation.
Des institutions internationales comme les Nations Unies, l'Union africaine, l'Organisation internationale de la Francophonie et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pourraient être mises à contribution afin de trouver ce médiateur, le plus tôt possible, d'après nos informations.
Une façon de lever l'équivoque autour de la conduite des travaux de ce conclave, dont la réussite est souhaitée par toutes les parties, malgré l'ambiance empreinte de "méfiance et de suspicion", qui entoure lesdits travaux.
Il y a donc lieu d'espérer pour une fois d'aboutir à sortie de crise heureuse, à travers cette concertation inclusive.