Des nouveaux griefs plus précis ont été apportés par les cadres de l'Alliance Pour la République (APR, parti présidentiel) sur la gestion des infrastructures aéroportuaires du Sénégal par Karim, le fils de l'ancien chef d'Etat Abdoulaye Wade, accusé d'enrichissement illicite.
Après sa mise en demeure vendredi de justifier d'ici à un mois l'origine licite de ses avoirs estimés à 694 milliards de francs CFA (plus de 1,3 milliard USD) par le procureur spécial de la Cours de Répression de l'Enrichissement illicite (CREI), les jeunes de l'APR ont dévoilé les "mécanismes" utilisés par Karim Wade pour s'enrichir illicitement.
Selon le président de l'APR, Mame Mbaye Niang, les "secteurs les plus productifs de l'économie sénégalaise, à savoir les transports aériens, maritimes et l'énergie, sont entre les mains d'un lobby à la tête duquel se trouve Karim Wade".
M. Niang, par ailleurs président du conseil de surveillance de la Haute autorité de l'aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar, accuse l'ancien ministre des transports aérien d'avoir pillé les ressources de l'aéroport de Dakar et de "gagner 164 million de francs CFA" par jour dans l'exploitation de cet infrastructure.
L'actuel ministre des Infrastructures et des transports, Thierno Alassane Sall, enfonce le clou en accusant Karim de "prise illégale d'intérêt, concussion, abus de position dominante sur les marchés".
M. Sall précise qu'un mécanisme a été mis en place pour cacher les véritables propriétaires des différentes entreprises qui opèrent à l'aéroport Léopold Sédar Senghor ou ailleurs.
Qualifiant de crime, le procédé utilisé par le fils de l'ancien président, il demande à la justice d'aller jusqu'au bout et d'arrêter Karim Wade.
Ces déclarations de responsables de l'APR sont venues battre en brèche la réaction d'un des d'avocats de Karim Wade qui avait réfuté les accusations du procureur de la CREI, affirmant que les investigations menaient par les autorités judiciaires sénégalaises à travers le monde n'ont rien donné.
L'avocat a soutenu que son client "ne possède aucun franc à l'étranger et les accusations ne reposent sur rien" alors que les enquêteurs accusent le fils de l'ancien président sénégalais de détenir des parts dans plusieurs sociétés au Sénégal, en Afrique et en Asie.
L'avocat a soutenu que "ces accusations ne reposent que sur du vent. Aucune investigation ou document ne peut les conforter".
Si Karim n'arrive pas à justifier son patrimoine le procureur spécial transmettra le dossier à la commission d'instruction de la CREI, s'il estime qu''il y a des indices de nature à poursuivre les enquêtes.
Le président sénégalais Macky Sall avait décidé à son arrivée au pouvoir après la présidentielle de février-mars 2012, de tout mettre en oeuvre tout retrouver les biens mal acquis par d'anciens dignitaires de son pays.
Selon le procureur de la CREI, juridiction d'exception que le chef de l'Etat a réactivée, le Sénégal a demandé et obtenu la collaboration de la France, du Canada, des Etats-Unis et de la Banque mondiale pour la recherche et le rapatriement des biens mal acquis cachés à l'étranger.
Cinq anciens ministres de l'ancien régime, Karim Wade ( coopération internationale, transports, énergie), Oumar Sarr ( urbanisme), Abdoulaye Baldé (mines), Madické Niang (affaires étrangères) et Samuel Sarr (énergie) sont visés par des demandes d'enquêtes par la CREI.