Ce mois de juin, décrété "mois de l'enfant'' par les Nations Unies est une occasion pour tous les Etats du monde de se pencher sur les questions de cette couche d'âge, qui fait ses débuts dans l'apprentissage de la vie.
Des débuts qui s'annoncent difficiles pour la plupart des enfants vivant en Guinée, étant soumis au calvaire des tâches ménagères, et au mariage précoce, pour les jeunes filles.
L'autre calvaire qui attend ces filles est celui de l'excision et ses méfais sur la santé de reproduction de la femme.
A Coyah, préfecture située à 50 kilomètres de la capitale, où le lancement du mois de l'enfant a eu lieu lundi dernier, les autorités guinéennes ont relevé ses points, tout en promettant de travailler pour améliorer le sort de l'enfance, avec l'appui des bailleurs de fonds, notamment le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).
Il faut noter que des statistiques récentes ont révélé que 3 sur 5 jeunes filles sont victimes du mariage précoce en Guinée. Elles se voient mariées de force à des hommes adultes, avant l'âge de la majorité qui est de 18 ans.
Ces petites filles une fois dans les foyers, sont soumises à une vie difficile, obligées souvent de vivre avec une coépouse, qui lui dicte ses lois, sous le regard indifférent du mari.
Fatoumata Kéita, qui a aujourd'hui 20 ans, se rappelle encore de ses débuts avec son époux, il y a de cela 4 ans. "J'avais à peine 16 ans, et ayant perdu très tôt ma mère, je ne pu poursuivre ma scolarité. Car je devais m'occuper de mes deux frères âgés à l'époque de 4 et 8 ans. Je me suis retrouvée en train de vendre des beignets, pour trouver de quoi vivre, dans une famille où le père était en chômage".
C'est ainsi qu'un quinquagénaire, marchand de son état, va demander sa main.
"Je n'avais pas le choix", explique notre interlocutrice, "Je me suis jetée dans les bras de cet homme, polygame. Il avait en fait deux autres épouses".
Mais une fois au foyer, Fatoumata Kéita a compris que c'est l'enfer qui débutait pour elle. Levée très tôt, elle ne retrouvait le lit que tard, après des tâches ménagères auxquelles elle devait faire face.
Cela partait de la préparation des repas de la famille, à la lessive, en passant par l'entretien d'un petit jardin de légumes, que son époux entretenait à quelques encablures de la maison. Histoire de combler le déficit en alimentation.
Mais cette femme, avait appris à trimer dès sa tendre enfance. Car, dans le milieu où elle est née, la petite fille, ainsi d'ailleurs que le petit garçon doit aider ses parents dans les tâches ménagères.
La corvée d'eau, ce sont eux qui la subissent plus généralement. Et quand on sait que l'eau courante demeure une préoccupation pour les habitants de Conakry, cela va sans dire que pour approvisionner la maison, il faut parfois se lever aux premières lueurs de l'aube. Pour parcourir parfois des kilomètres, des bidons sur la tête, à la recherche d'une fontaine.
Tout comme Fatoumata Kéita, qui a aussi connu les affres de l'excision, nombreuses sont les filles qui passent ainsi par ce "chemin de croix'', pour atteindre leur majorité.
Certains enfants issus de parents pauvres sont obligés aussi de faire la manche dans la cité. Ces enfants mendiants, on les rencontre à tous les carrefours de la capitale, il y en a des deux sexes, et de tous les âges.
Cette exploitation de ses mineurs, à des fins pécuniaires, a été souvent déplorée par des ONG locales, impliquées dans la défense des droits de l'enfant.
Rien n'y fait, le phénomène se poursuit de plus belle. Et le plus grave, c'est que ces enfants finissent parfois par emprunter le mauvais chemin, en versant dans la petite délinquance.
Les enfants issus de ménages pauvres servent également à alimenter le trafic humain. Des enfants enlevés avec la complicité de leurs familles parfois, sont convoyés vers des pays voisins, pour servir de petites mains dans des plantations. Il arrive souvent que ces convois soient interceptés par les services de police, le long des frontières avec le Mali ou le Sénégal.
Voilà qui doit alerter les défenseurs des enfants, pour que ces innocents soient sauvés de l'immoralité de certains adultes, qui sont pour la plupart des cas leurs propres géniteurs.