Le président guinéen Alpha Condé en partance pour la capitale britannique où il doit assister au Sommet du G8 sur invitation du Premier ministre David Cameron, a profité de son escale à Paris, pour annoncer par voie de presse mercredi, que la tâche revenait désormais à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de définir un nouveau chronogramme électoral, maintenant que le report se dessine, avec l'adhésion de l'opposition dans le processus, a-t-on appris de sources concordantes.
"C'est la CENI et ses experts qui doivent décider du report du scrutin, et cela en se référant à la Cour suprême", a déclaré Alpha Condé devant une équipe de journalistes, au sortir d'une audience avec le Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le Sénégalais Abdou Diouf.
Le président guinéen a ensuite indiqué qu'il ne se "mêle pas de la fixation du chronogramme électoral, et qu'il va se contenter juste de prendre le décret entérinant éventuellement cette nouvelle date".
Cette annonce fait suite au report de la date du 30 juin qui se dessine de plus en plus, avec l'accord trouvé entre les parties prenantes au processus électoral, à l'issue d'un dialogue inclusif, dont les travaux se sont achevés le dimanche dernier.
En attendant la publication du rapport relatif aux résultats de ces travaux, qui ont permis à l'opposition de revenir dans le processus électoral, en acceptant de renoncer au départ de l'opérateur sud-africain Waymark, chargé de la révision des listes électorales, les états majors des partis politiques se préparent déjà à un ajournement de la date du scrutin.
Car, avec la nouvelle donne, il faudrait redémarrer les opérations de révision des listes électorales, afin de permettre aux militants et sympathisants de l'opposition en âge de voter de se faire enrôler, selon les conclusions du dialogue.
A cela il faut ajouter l'acceptation par les autorités guinéennes du vote des Guinéens de l'étranger, sur la base du fichier électoral de 2010. Celui qui avait été conçu par l'ancien opérateur français Sagem, lors de la présidentielle. Fichier qui a servi à élire l'actuel président guinéen.
D'après nos informations, la CENI n'entendrait que la diffusion du rapport final issu de la concertation inter guinéenne pour concevoir un nouveau chronogramme électoral.
Une source proche du dossier indique que ce chronogramme pourrait prévoir les élections pour le mois de septembre voire octobre, à l'allure où vont les choses. Vu que la période des grandes pluies qui débute en ce mois de juin va s'étendre jusqu'en septembre.
Ceci permettra ainsi à l'institution de revoir sa copie en termes de préparatifs du vote.
"Reste à savoir si du côté de la mouvance présidentielle, étendre ainsi le report de la date du 30 juin sur près d'un trimestre sera bien accueille", commente un éditorialiste de la presse indépendante, sous le sceau de l'anonymat. Ce confrère que nous avons interrogé pense que rien ne sert de précipiter la tenue du scrutin maintenant que tous les acteurs politiques ont décidé d'aller aux urnes.
Pour lui l'essentiel est de tout mettre en œuvre pour que le vote puisse se tenir avant la fin de l'année, et dans la transparence.
Et bien cette transparence, le président guinéen y tient. Vu qu'il ne cesse de le répéter au gré de ses discours. Même à l'issu de son passage à Paris, ce mercredi, Alpha Condé a réaffirmé son attachement à "la paix".
Le président guinéen avait aussi reçu en audience dans la matinée du mardi 11 juin au Palais Sékhoutouréya, les ambassadeurs de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ainsi que ceux du Maroc, de l'Algérie, de l'Afrique du Sud et de l'Angola. Le but de cette rencontre était de leur expliquer "les résultats obtenus du dialogue inclusif", qui venait de s'achever à Conakry.
Les diplomates à leur tour, ont promis d'accompagner le processus électoral guinéen, à travers le doyen du corps diplomatique Adikalie Foday Sumah, ambassadeur de Sierra Leone.
Par rapport à ce dialogue qui a été l'occasion pour l'opposition de faire preuve de son adhésion au processus électoral, après une longue période de tiraillement avec le pouvoir, le chef de file de l'opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo a déclaré sa satisfaction le mardi lors d'une intervention sur les antennes d'une radio locale.
Cette intervention de Cellou Dalein Diallo, président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), visait à rassurer ses militants, qui ont été ceux qui auraient particulièrement payé un lourd "tribut" lors des événements malheureux qui ont été enregistrés dans la capitale, à l'issue de cette crise. Parmi les victimes des manifestations, la plupart seraient en effet de l'UFDG.
Il faut souligner que la position de Cellou Dalein et le collectif de l'opposition tranche avec celle de certains opposants, dont son vice-président Bah Oury, exilé en France, après avoir été cité dans l'attaque du domicile privé du président Condé, dans la nuit du 19 juillet 2011.
A partir de son exil parisien, Bah Oury a plutôt fait cas de ses regrets dans la presse locale, que l'opposition se soit jointe au processus électoral. L'opposant ne faisant aucune confiance dans les promesses du gouvernement de tenir des "élections transparentes."
Un autre membre du collectif de l'opposition Dr Faya Millimono s'est désolidarisé de la démarche de ses pairs, en refusant de prendre part au dialogue.
L'opposition dans son ensemble minimise les réactions de ces leaders, et entend donner la priorité à toute solution relative de mener à une sortie de crise. Pour qu'enfin, il soit mis un terme à cette transition qui n'a que trop duré.