Le combat contre l'excision en Guinée-Bissau rencontre toujours une forte résistance de la part de groupes ethniques à dominance musulmane qui considèrent cette pratique comme une obligation religieuse, bien que cette interprétation de l'Islam ne fasse l'unanimité.
Malgré l'adoption d'une loi interdisant l'excision depuis 2011, certaines collectivités continuent de pratiquer les mutilations génitales féminines, soulignent les spécialistes.
On constate même l'émergence cette année dans la région de Gabu (est) de plusieurs mouvements qui ont lancé des pétitions en faveur des mutilations génitales féminines dans le pays.
Cette action est interprétée par les associations qui luttent contre la mutilation génitale féminine comme un revers majeur et un signe de défi à l'autorité dans un pays où l'excision est pratiquée par 47% de la population de 1,5 million d'habitants.
La loi votée en 2011 prévoit une peine de 2 à 6 ans de prison pour toute personne pratiquant l'excision, mais selon les ONG, cette loi n'est pas suffisamment diffusée dans les communautés de base pour décourager cette pratique néfaste.
Le projet DJINOPI, qui rassemble trois ONG locales, accuse le gouverneur de Gabu, Abduramane Djaló, d'avoir fait libérer un suspect ayant excisé quatre fillettes en janvier 2013.
Le projet considère l'attitude du gouverneur comme un geste pouvant encourager l'excision dans la région de Gabu.
Pour l'avenir, DJINOPI veut associer les forces de sécurité à son programme. Une formation de 80 policiers sur les causes et les conséquences des mutilations génitales féminines et sur la loi qui interdit l'excision dans le pays est prévue courant 2013.
"Cette formation-action est destinée à alerter les gens à propos de l'existence de la loi criminalisant les mutilations génitales féminines, ainsi que la prévention contre la pratique", a indiqué la présidente de DJINOPI, Domingas Maria Gomes.
Interrogé par Xinhua, Maria Gomes a reconnu énormes difficultés à court terme pour combattre les mutilations génitales féminines en raison de cette résistance sociale.
La campagne de sensibilisation contre l'excision a commencé en 1996 et a pris fin cette année avec l'engagement de quatre communautés d'abandonner la pratique.
D'autres ONG ont initié une nouvelle approche consistant à impliquer des leaders religieux musulmans dans la lutte contre l'excision comme dans plusieurs pays ouest-africains à population musulmane.