Convaincu que les nouvelles attaques dans le Nord-Ouest sont la manifestation d'une vengeance politique, le pouvoir de Bangui accuse les partisans du président déchu François Bozizé d'entretenir le chaos afin de susciter des sanctions de la communauté internationale, a déclaré le porte-parole de la présidence, Guy Simplice Kodégué, dans un entretien à l'agence Xinhua.
De l'avis de M. Kodégué, l'attaque qui a tué trois éléments de l'ex-rébellion de la Séléka lundi à Ndjo prouve par exemple que, "malgré l'engagement personnel du chef de l'Etat de transition à faire en sorte que la pacification du pays devienne une réalité, il y a toujours un certain un nombre de compatriotes qui continuent à perturber ce processus".
Question : Confirmez-vous l'attaque déclarée lundi à Ndjo contre les ex-rebelles de la Séléka ? Quel en est le bilan officiel ?
Réponse : Pour l'instant, les autorités centrafricaines attendent de faire toute la lumière sur ces derniers événements qui viennent confirmer le fait que, malgré l'engagement personnel du chef de l'Etat de transition à faire en sorte que la pacification du pays devienne une réalité, il y a toujours un certain nombre de compatriotes qui continuent à perturber ce processus.
Nous confirmons effectivement qu'il y a eu des attaques sur l'axe Bossembélé-Bossangoa, à quelques kilomètres de Ndjo et ces attaques concernent particulièrement des populations de sensibilité religieuse. Le but recherché depuis toujours est de soulever une communauté contre une autre, de manière à rendre la situation sécuritaire et humanitaire catastrophique, de sorte que ces ennemis de la paix et du progrès puissent avoir de leur côté internationale pour des sanctions contre les autorités de transition.
Q : Plusieurs sources concordantes parlent d'une résistance des populations locales contre les exactions de la Séléka. Vous approuvez cette version ?
R : Ce n'est pas la même version. Ce qui est vrai est qu'au début de la transition il y a eu des dérapages. Mais les prises de décisions du chef de l'Etat de la transition n'ont pas été bien appréciées par les ennemis du progrès qui entendent, une fois de plus, à jeter sur le processus en cours un certain nombre d'ingrédients néfastes pour empêcher, perturber, déstabiliser et en un seul mot définir une vision chaotique de la situation en Centrafrique. Ces décisions concernent la dissolution de la Séléka et bien avant cela la décision prise pour que les Forces armées centrafricaines aient confiance au chef suprême des armées, la décision prise de confier à la sécurité publique de procéder ensemble, avec les forces de la FOMAC (Force multinationale de l'Afrique centrale, NDLR), au désarmement.
Des efforts sont faits et nous pensons que ces efforts vont se poursuivre ainsi que le déploiement sur toute l'étendue du territoire des forces de défense et de sécurité et des forces de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale, NDLR) et que l'intérieur du pays sera pacifié très rapidement. Il y a des actes isolés. Ceux-là sont désespérés, ils sont bloqués, ils ne savent pas par quel chemin y arriver. Mais cela n'arrivera jamais et que la Centrafrique ne ressemblera pas du tout à ce qui s'est passé sous d'autre cieux et c'est pour cela que nous lançons un appel pressant à la communauté internationale de faire très attention dans les analyses. Il est vrai que la situation n'est pas au beau fixe, mais il est question, pour que les populations civiles soient protégées au maximum, d'éviter l'embrasement de la situation. Ce à quoi le chef de l'Etat de la transition s'est engagé, qui veut sortir ce pays du gouffre.
Q : Il y a des actes de braquages, d'agression, d'enlèvement et des tueries qui se poursuivent y compris même dans la ville de Bangui. Vendredi par exemple, il y a un véhicule de l'UNICEF qui a été braqué, le jour même où le président de la transition a annoncé la dissolution de la Séléka. Nombre de Centrafricains et d'observateurs pensent que Michel Djotodia n'a pas le contrôle de la situation. Que répondez-vous ?
R : C'est totalement faux. Ces experts internationaux attitrés doivent se rendre compte d'un certain nombre de réalités centrafricaines. Nous sommes dans une période où ceux qui ont perdu cherchent par tous les moyens à faire entendre leur voix. Il n'est de l'intérêt de personne, même des forces de défense et de sécurité centrafricaines, de poser de tels actes. Pensez-vous que ceux qui étaient de l'ex-Séléka peuvent poser ce genre d'acte à partir du moment où ils ont compris que les réactions disproportionnées, face aux provocations des uns et des autres, nous ont amenés dans cette situation d'aujourd'hui qui, sur le plan international, est en train d'être interprétée autrem
ent ? La vraie question aujourd'hui est qu'il y a des provocations de manière à créer une riposte, en sachant que cette riposte serait disproportionnée. C'est ce à quoi le chef de l'Etat de la transition a mis un terme. Aujourd'hui il y a une unicité du commandement sous la responsabilité d'un nouveau chef d'état-major et les Forces armées centrafricaines, le chef de l'Etat de la transition leur a fait confiance, qu'ils reviennent et qu'ils travaillent.
Q : Comment comprendre que les patrouilles des ex-Séléka continuent d'être visibles dans les rues de Bangui après leur dissolution officielle ?
R : Aujourd'hui, ce sont les forces de défense et de sécurité. Il est question de permettre à ceux qui répondent aux critères optimaux d'entrer dans la nouvelle armée centrafricaine et ceux qui sont inaptes vont choisir d'autres chemins de la réinsertion. Ils sont là, c'est des Centrafricains à part entière. On ne peut pas aujourd'hui prendre des décisions à l'emporte-pièce. C'est une situation très délicate qu'il faut traiter dans un contexte stratégique. A Bangui, il y a l'accalmie aujourd'hui, il y a un calme, il y a la paix quand même ; les gens circulent, les gens sortent. Il reste maintenant le problème de l'intérieur du pays où des actions sont en train d'être menées, des déploiements mixtes des FACA, des gendarmes, des policiers. Ce programme-là va se déployer dans les jours qui viennent pour sécuriser et redonner confiance aux populations déplacées.
Par Raphaël MVOGO