Plus d'un mois après l'attaque lancée par des groupes armés contre les positions des ex-rebelles de la Séléka (au pouvoir) le 5 décembre à Bangui, la Croix-Rouge centrafricaine annonce un décompte de 832 corps abandonnés ramassés à travers le pays, selon son président Antoine Mbaobogo joint mercredi par Xinhua.
Attribuée à des fidèles de l'ancien président François Bozizé, cette attaque est la plus meurtrière enregistrée depuis la chute du régime de l'ancien chef d'état-major de l'armée nationale centrafricaine le 24 mars 2013 après trois mois de conflit avec l' ex-coalition rebelle Séléka dirigée par Michel Djotodia, démissionnaire depuis vendredi des fonctions de président de la transition.
Dans son nouveau « décompte macabre » établi mardi soir à Bangui, la Croix-Rouge centrafricaine déclare 44 corps découverts « depuis le changement de l'ancien président de transition » vendredi à N'Djamena (Tchad) lors d'un sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC).
Plongée dans le chaos sécuritaire et humanitaire depuis la prise du pouvoir de Michel Djotodia, la République centrafricaine (RCA) a aussi vécu les violences les plus sanglantes au cours du mois de décembre, suite à l'intensification des affrontements à caractère intercommunautaire et interconfessionnel entre les ex- rebelles Séléka à dominante musulmane et les milices d'autodéfense chrétiennes anti-Balakas (anti-machettes).
Aux allures de règlements de compte, ces violences se sont révélées un défi pour la mission de sécurisation et de pacification du territoire centrafricain menée depuis ce mois par la force française Sangaris et les troupes africaines de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) à la faveur de résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Selon des sources de sécurité, le bilan des victimes est plus élevé que les chiffres annoncés, car, beaucoup d'autres corps abandonnés échappent aux équipes de travail de la Croix-Rouge, à commencer par la capitale Bangui.
« Il y a des quartiers isolés où les gens de la Croix-Rouge ne peuvent pas pénétrer. Comme Miskine, Combattant, kilomètre 5 et même Ouango où il y a toujours des tueries », a rapporté à Xinhua le colonel Christian Narkoyo, ex-porte-parole militaire de la Séléka aujourd'hui commandant de la gendarmerie mobile nationale.