Dernière mise à jour à 13h42 le 05/01
Au Congo, la date du premier tour de l'élection présidentielle étant désormais connue, le 20 mars 2016, le pays engage dès à présent une double course contre la montre : d'abord pour les organes chargés de l'organisation du scrutin ; puis pour les candidats qui brigueront la magistrature suprême.
Si pour les premiers, notamment la Commission électorale nationale indépendante (CENI), quelques défis doivent être relevés avant l'échéance proprement dite, les candidats quant à eux doivent bâtir des stratégies pour convaincre, par leurs programmes, les potentiels électeurs aux attentes multiples.
En ce qui concerne la CENI, les défis consistent, pour ces hommes et ces femmes appelés à gérer cet organe, de donner le meilleur d'eux-mêmes pour être au diapason de la tâche qui leur incombe : l'amélioration de la gouvernance électorale.
Il s'agit, en effet, de disposer d'une nouvelle loi électorale modifiée, d'expérimenter le bulletin unique, de procéder à la révision des listes électorales en vue d'avoir un fichier fiable, mais aussi et surtout de faire en sorte que les cartes d'électeurs parviennent à temps aux électeurs afin d'éviter, comme ce fut le cas lors des derniers scrutins (législatives, locales et le referendum), une faible participation.
Quant au ministère de l'Intérieur et de la décentralisation, la fixation de la date du premier tour de la présidentielle appelle à tout mettre en œuvre afin que la nouvelle république soit portée sur les fonts baptismaux, comme le souhaite ardemment le président de la République.
Les forces en présence
Au regard des forces en présence et de ce que préparent leurs états-majors, le Parti congolais du travail (au pouvoir), principale formation de la majorité présidentielle n'a pas encore annoncé son candidat à cette course à la magistrature suprême. Son comité central a néanmoins renvoyé à une date prochaine la désignation de celui-ci. D'ores et déjà, les formations de la majorité, telles l'Union des forces démocratiques (UFD, de l'ancien premier ministre, Charles David Ganao), appellent le président sortant à faire acte de candidature.
Dans ce cas, Denis Sassou N'guesso est présenté et se présente comme le seul capitaine à bord du bateau.
Si cela se confirme, le président sortant aura, selon toute vraisemblance une pléiade de challengers parmi lesquels Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou (indépendant), Nicéphore Fylla de Sainte Eudes du Parti républicain liberal (PRL) et Anguios Nganguia-Engambe du Parti pour l'action de la république (PAR-Mâ), tous trois candidats malheureux à la dernière élection présidentielle de 2009.
Par ailleurs, du côté de l'opposition dite radicale incarnée par deux coalitions : l'IDC (Initiative pour la démocratie au Congo) et le FROCAD (Front républicain pour le respect de l'ordre constitutionnel et l'alternance démocratique), le choix s'annonce quelque difficile en raison de la multitude des candidats supposés à cette course.
En effet, certaines personnalités se sont déclarées candidates depuis plusieurs mois à cette élection. C'est le cas de, Mathias Dzon de l'Union patriotique pour le renouveau national (UPRN) et Guy Brice Parfait Kolélas qui dirige l'aile dure du Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI).
Cette liste pourrait être complétée par d'autres, en l'occurrence André Okombi Salissa (un ancien du PCT) ayant intégré l'IDC et bien entendu Pascal Tsaty Mabiala, premier secrétaire de l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) reconnue comme le plus grand parti de l'opposition.
Dans cette hypothèse, l'exercice parait plus difficile du côté de l'opposition où la guerre des egos est loin d'être terminée. Il est donc fort probable de voir l'opposition aller en rangs dispersés au premier tour. Une probabilité qui amenuiserait les chances de cette opposition face à la mouvance présidentielle qui mise sur Denis Sassou N'guesso comme "seul et vrai candidat".
Aussi, dans cette course à la magistrature, le tout devrait se jouer non seulement par la posture des uns et des autres, mais aussi et surtout sur l'affirmation personnelle de chaque candidat sur la scène politique, et donc leur capacité de proposer un programme digne de convaincre les électeurs de se prononcer en leur faveur.
Car, constate-t-on, aujourd'hui plus encore qu'hier les Congolais ont besoin de savoir quelles sont les réponses que leurs futurs gouvernants comptent apporter aux questions qu'ils se posent quant à leur avenir, surtout la jeunesse qui ploie sous un chômage chronique.
Quatrième élection présidentielle du genre qu'organisera le Congo en un quart de siècle de démocratie pluraliste, l'échéance du 20 mars ne présage jusqu'ici aucune candidature féminine et mêmes des jeunes à qui la nouvelle constitution offre, pour la première fois, une opportunité de se présenter à la course vers la plus haute et prestigieuse fonction de l'État.