Dernière mise à jour à 09h32 le 06/05
Les Sud-Soudanais déplacées par la guerre civile de près de deux ans ont exprimé leur espoir de regagner leur foyer suite à la formation d'un gouvernement d'union nationale.
Certaines personnes déplacées mettent en avant l'amélioration de la sécurité à Juba, capitale du pays, malgré la persistance de poches d'insécurité dans les États d'Unity et de Jonglei frappés par le conflit, d'où proviennent plus de 40.000 déplacés de la communauté Nuer actuellement abrités dans le plus grand site de protection des civils du pays, à Juba.
Avant la formation du gouvernement d'union nationale, certains des déplacés interrogés par Xinhua ont déclaré qu'ils ne retourneraient chez eux qu'après le retour à Juba du premier vice-président Riek Machar pour y prendre ses fonctions conformément à l'accord de paix signé l'année dernière.
Sarah Nyaluoth, qui a échappé aux combats dans la ville de Bentiu dans la région pétrolifère de l'État d'Unity, pour se réfugier dans le camp d'accueil de Juba, s'est déclarée impatiente de regagner sa terre natale et que ses enfants puissent retourner à l'école.
"Nous voulons une bonne vie. Je veux que mes enfants retournent à l'école car il n'y a pas d'éducation de qualité dans les écoles du camp d'accueil", a déclaré Mme Nyaluoth.
Angelina Nyaniet, mère de quatre enfants, s'est réfugiée dans le camp de l'ONU après avoir fui Bentiu, et espère maintenant pouvoir retourner chez elle avec son mari déficient visuel.
Elle a déclaré jeudi à Xinhua que la vie dans le camp était intenable du fait de la pauvreté des rations alimentaires qu'ils doivent partager avec les nouveaux arrivants.
"Nous avons de la nourriture mais ce n'est pas suffisant. Nous finissons par partager les maigres rations que nous obtenons avec des nouveaux arrivants qui ne sont pas enregistrés", a déclaré Mme Nyaniet.
L'arrivée de quelque 21.000 déplacés non enregistrés a augmenté la pression sur les faibles réserves alimentaires dont disposaient les 22.000 déplacés enregistrés, a affirmé le secrétaire du comité d'information du camp, William Tejok.
M. Tejok a affirmé que la situation de sécurité s'était améliorée depuis sa visite de la ville de Juba malgré les craintes et les tensions suite au décès récent d'un déplacé tué par des agresseurs inconnus à l'extérieur du camp.
"Hier (mercredi) je suis sorti moi-même et j'ai vu qu'il y avait du changement. Les choses vont changer car M. Machar est arrivé à Juba", a-t-il commenté.
Toutefois, le secrétaire général du comité du camp, Phod Mayie, a averti que la situation était encore tributaire de la confirmation par la Commission conjointe d'évaluation et de surveillance (JMEAC), l'organe chargé de surveiller l'application de l'accord de paix et les autorités, de la mise en œuvre effective de la zone démilitarisée de 25 km à Juba et de la formation de la police conjointe intégrée.
"Les gens ne devraient pouvoir sortir que si la disposition sur les 25 km est mise en œuvre et si la police intégrée est mise en place", a déclaré M. Phod.
Le porte-parole du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Soudan du Sud, Rocco Nuri, a déclaré que des retours volontaires de certains déplacés étaient signalés, ajoutant cependant que leur retour à grande échelle dépendrait de la décision du gouvernement.
"Il y a déjà des gens qui retournent chez eux de manière spontanée. Il y aura une déclaration du gouvernement sur le retour des déplacés dans leur foyer", a déclaré M. Nuri.
"Cela dépasse la volonté du HCR, si on parle d'un retour à grande échelle. C'est un effort concerté qui nécessite l'implication du gouvernement ainsi que des pays accueillant les réfugiés", a-t-il ajouté.
Selon les estimations publiées dans les rapports de l'ONU, 706.594 Sud-Soudanais se réfugient dans des pays voisins, ce qui demande 1,96 milliard de dollars pour les besoins humanitaires en 2016, tandis que seulement 222 millions de dollars, soit 17% des fonds nécessaires, ont été reçus jusqu'à présent.
Le guerre sud-soudanaise a éclaté en décembre 2013 lorsque le président Kiir a accusé son adjoint, M. Machar, de préparer un coup d'État, ce que celui-ci a démenti.
Le guerre a fait des dizaines de milliers de morts et chassé plus de 2,3 million de personnes de leur foyer, dont 200.000 vivent dans des camps de protection de l'ONU.