Dernière mise à jour à 08h50 le 02/02
Le volume des investissements de la France en Tunisie serait doublé tout au long de son mandat à l'Elysée, a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron devant les députés tunisiens lors d'une séance exceptionnelle à l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP, parlement tunisien) à Tunis.
M. Macron a confirmé le déclenchement d'un programme d'urgence d'une valeur de 50 millions d'euros au profit des PME tunisiennes en plus d'une enveloppe supplémentaire de 500 millions d'euros qui vient s'ajouter à 1,2 milliards d'euros programmés pour la période 2016-2020 au profit de l'économie tunisienne.
Le président français s'est engagé à transformer la dette tunisienne en projets de développement dont la construction d'un hôpital régional à Gafsa, une province du sud-est tunisien, qui coûte environ 80 millions d'euros.
Insistant sur l'avenir de la jeunesse, M. Macron a annoncé l'instauration d'une feuille de route urgente d'une enveloppe de 50 millions d'euros pour garantir des emplois à des jeunes tunisiens via le bureau à Tunis de l'Agence française de développement (AFD).
La Tunisie a enregistré un taux de chômage encore supérieure à 15% et d'environ 30% auprès des diplômés malgré une croissance réanimée en 2017 estimée par le gouvernement à 2%.
La France "n'a d'autre choix" que de soutenir la Tunisie
En visite d'Etat officielle, la première en Tunisie depuis son élection, le chef d'Etat français a eu des entretiens avec son homologue tunisien Beji Caïd Essebsi et le Chef du gouvernement Youssef Chahed.
"Actuellement, la Tunisie a besoin de toute l'Europe et - franchement - nous devons évoquer nos problèmes clairement pour ainsi pouvoir les résoudre", a indiqué le président tunisien lors d'une conférence conjointe avec son hôte français.
M. Caïd Essebsi a insisté que son pays "n'est soumise à quiconque pressions mais nous identifions nos défaillances et nous sommes conscients de devoir agir rapidement et réformer à moins que nous avons besoin de moyens suffisants pour y aboutir".
Pour sa part, le président français a fait honneur, lors de son discours à l'ARP, "au courage et à la force du peuple tunisien qui s'est soulevé".
"La France n'a d'autre choix que celle de voir la Tunisie réussir dans ce moment historique, de faire triompher les valeurs qui sont les nôtres, pour ne pas faire bégayer notre histoire, pour endiguer l'obscurantisme que certains veulent faire prospérer", a-t-il souligné.
M. Macron a évoqué également l'impératif de gagner la bataille de la sécurité et la stabilité.
"Vous avez été frappés par le terrorisme et l'obscurantisme (...) nous avons souffert dans notre chair du terrorisme le plus abject", a-t-il appuyé avant de s'engager à soutenir les Tunisiens dans la lutte contre le terrorisme, son financement, ainsi que la sécurisation des frontières, à travers l'échange d'informations et la coopération.
La Tunisie constitue un "modèle unique"
"Contrairement à ce que pensaient certains, la page du printemps arabe, déclenché en Tunisie, n'est pas encore tournée (...) vous le vivez encore", a souligné le président français aux députés tunisiens.
Selon le président français, le printemps tunisien devra se transformer en printemps politique et économique dans ce pays qui constitue un "modèle unique" ayant prouvé la double compatibilité Islam-démocratie et Islam-Etat.
"Vous êtes une nation éclairée et la France continuera à vous soutenir, non pas comme pays ami ordinaire ou proche mais plutôt comme frères et sœurs", a dit Emmanuel Macron avant d'annoncer que la Tunisie abritera, en 2020, la prochaine édition du Sommet de la francophonie.
"Ce n'est pas du tout un projet français, le français et sa vitalité n'appartient plus à la France, elle est en Afrique, aux Caraïbes, partout dans le monde", a estimé M. Macron.
Des positions partagées concernant la conjoncture régionale
Au sujet de la Libye, Emmanuel Macron a indiqué que la France tient à travailler et coopérer avec la Tunisie pour assurer la stabilité et la sécurité, notamment au niveau des frontières libyennes.
"La France soutient les efforts de l'envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies visant à trouver une solution politique en Libye, et ce pour garantir l'unité et la stabilité dans ce pays", a-t-il assuré.
S'arrêtant sur la cause palestinienne, le président français considère que la solution à deux Etats est la seule issue qui permettra de mettre un terme au conflit israélo-palestinien et à la crise du Moyen-Orient.
Le président français a assuré que son pays n'épargnera aucun effort pour trouver une sortie à ce conflit avec l'instauration de deux "Etats libres" à deux capitales à Jérusalem.