Dernière mise à jour à 16h22 le 16/11
Un musée qui n'attirait pas beaucoup de visiteurs
Un spectacle se rejoue tous les jours dans la Cité interdite : sur l'axe central de la porte Tian'anmen à la porte du Midi, les guides agitent frénétiquement leurs fanions et, haut-parleur à la main, s'égosillent pour faire avancer les touristes. Dans les pavillons de chaque côté des cours principales, personne. Or, dans le musée, près de 10 000 objets anciens sont exposés de façon permanente mais l'impression générale est que le musée est vide.
Un jour, au cours d'une inspection, devant l'entrée de la salle des horloges, Shan Jixiang a même entendu un guide crier aux membres de son groupe : « Entrez, mais vous n'avez que cinq minutes pour visiter ! ».
Les visiteurs ignorent que ce palais qui s'étend sur 1,12 million de m² compte 35 départements. Ce sont 1 500 employés qui travaillent en étroite collaboration avec une centaine d'organismes à l'entretien et à la réparation de ce que l'on voit : les portes, les fenêtres, les bancs, les tables en bois. Mais aussi de ce que l'on ne voit pas : les objets en or ou en pierres précieuses, les calligraphies, les peintures, les stèles, les jarres en cuivre, les monticules artificiels de rochers, ou encore les arbres centenaires et les pelouses qui sont confiés à des équipes spécialisées.
Nommé conservateur du musée en 2012, Shan Jixiang travaillait auparavant à l'office du patrimoine culturel et urbanistique de Beijing. Son ambition pour la Cité interdite : faire du « site touristique » un « musée » et transformer les « touristes » en « visiteurs ». Depuis qu'il est devenu conservateur, les choses ont bien changé : la Cité interdite ferme le lundi pour entretien ; une journée gratuite à titre d'essai a été organisée ; un quota de visiteurs quotidiens a été mis en place ; les billets d'entrée peuvent être achetés en ligne, etc. D'autres mesures ont été prises : déménagement des bureaux hors de l'enceinte du palais, ouverture de nouveaux guichets près de la porte du Midi, installation de toilettes pour femmes sur la place de la porte du Sud, etc. « Il faut respecter la dignité du monument, mais aussi celle des visiteurs », explique Shan Jixiang.
En fait, la Cité interdite ne se prêtait guère à devenir un musée. Les portes et les fenêtres de ses salles et pavillons, qui sont en bois, laissent entrer une quantité importante de poussière à l'intérieur. Pour éviter les risques d'incendie, jusqu'à ce jour, il n'y a toujours pas d'électricité dans certaines salles. Celles-ci n'ont pas non plus été réaménagées. D'autre part, « les salles du musée sont souvent coupées en cinq ou six pièces et ne communiquent pas entre elles. Cela complique la narration de l'exposition », explique Sun Miao, directeur adjoint du département des expositions.
C'est la raison pour laquelle différents moyens sont mis en place pour aménager chaque exposition, soit en utilisant un éclairage par fibre optique, du verre laminé (qui laisse passer 20 % de lumière), des vitrines d'exposition spéciales ou des vitres antiréfléchissantes.
En 2013, pour éliminer tout risque lié à la sécurité (notamment en cas d'incendie, cambriolage, secousse sismique), mais aussi toute détérioration des collections, la Cité interdite a lancé une campagne pour rénover les infrastructures et réaménager les entrepôts souterrains.
Les zones visitables du musée sont passées de 30 % en 2002 à 52 % aujourd'hui. En 2020, elles atteindront la limite de 76 %.
Le conservateur du musée a la volonté de dévoiler plus de collections aux visiteurs. Une équipe de 90 personnes, du plus haut niveau national, est chargée de la protection, de la restauration et de l'étude des objets historiques. Malheureusement, les résultats de son travail sont peu connus de l'extérieur. Le musée a donc organisé cette année une grande exposition des objets restaurés pour montrer le niveau atteint par la Chine dans les techniques de restauration.
Shan Jixiang présentant à Chengdu la nouvelle initiative pour la préservation de la Cité interdite.