Dernière mise à jour à 16h22 le 16/11
Je m'appelle Ieva Nagyte, mais l'on m'appelle Yi Wei en chinois. Je viens de la Lituanie, un tout petit pays en Europe. Et mon histoire avec la Chine, personnellement, je la vois comme un « voyage en train » inoubliable.
Ce voyage a commencé alors que je n'avais que 14 ans. À l'époque, ma sœur aînée étudiait la médecine traditionnelle chinoise en Chine. Elle m'a invitée à venir y passer mes vacances d'été et j'en ai profité pour étudier le chinois, bien que la Chine ne m'intéressât pas particulièrement. Néanmoins, en me poussant à fouler cette contrée, ma sœur m'a acheté un « billet de train » assez précieux et magique, car valide à vie : grâce à elle, j'ai noué des liens indissolubles avec la Chine. En élargissant mes horizons, j'ai découvert à quel point ce grand pays était miraculeux à mesure que j'apprenais son histoire, sa culture traditionnelle et ses coutumes transmises de génération en génération depuis cinq milliers d'années.
Au début, je n'avais pas l'intention de m'atteler à une nouvelle langue étrangère, car j'avais déjà étudié cinq langues européennes quand j'étais au lycée. Toutefois, après ce séjour, je ne pouvais réfréner mon nouvel attrait pour le chinois. J'ai commencé par m'entraîner tous les jours à prononcer les quatre tons, puis je passais du temps à retranscrire des caractères... Ça tournait presque à l'obsession ! Afin de poursuivre mes études tout en approfondissant ma connaissance de l'histoire et de la philosophie chinoises, j'ai choisi d'étudier le mandarin et l'allemand en licence à l'université d'Édimbourg. Cet établissement et l'Institut Confucius d'Écosse m'ont donné deux nouveaux « billets de train » vers la Chine.
Le premier « train » m'a conduit jusqu'au terminus de Dalian (province du Liaoning), où j'ai fréquenté pendant un an l'université de Technologie de Dalian. J'étais alors en troisième année. Pendant cette période, mon niveau de chinois a progressé de manière considérable. À la fin, je maîtrisais même le son rétroflexe « er », propre à l'accent des Chinois du Nord.
Quant au deuxième « billet », il fut encore plus mémorable ! Son nom : « Pont vers le chinois ». Après avoir remporté le premier prix face aux autres étudiants inscrits dans des universités britanniques, l'été 2014, j'ai été envoyée en Chine par l'Institut Confucius pour représenter mon université, et même tout le Royaume-Uni, lors du concours international « Pont vers le chinois ».
Arrivée à Beijing, les premiers jours, j'étais un peu mal à l'aise, tout comme la centaine d'autres candidats. Cependant, notre passion commune pour la Chine nous a rapidement rapprochés. Le « train » que nous partagions dans le cadre du concours « Pont vers le chinois » a fait plusieurs arrêts : Changsha (chef-lieu du Hunan), Xi'an (chef-lieu du Shaanxi), Jingdezhen (Jiangxi) et Anhua (Hunan). Bien que j'eusse déjà visité la Chine à plusieurs reprises, c'était la première fois que je me rendais sur ces sites choisis par l'équipe du concours. Il y a bien des choses à voir dans les grandes villes que sont Changsha et Xi'an, mais j'ai préféré le village Sanbao et les fours de porcelaine à Jingdezhen, ou encore le champ de thé de Fenghuangdao (littéralement l'île du Phénix) et Chamagudao (la route du Thé et des Chevaux) à Anhua. Quoi qu'il en soit, chaque halte nous réservait d'agréables surprises. Jamais nous n'aurions imaginé chanter en chœur avec des vedettes chinoises, faire l'expérience de la vie sous la dynastie des Tang (618-907), fabriquer un objet en porcelaine ou cueillir des feuilles de thé de nos propres mains ! Nous mettions tout notre cœur à l'ouvrage dans ces diverses missions, goûtant au passage une culture différente de la nôtre.
Les agriculteurs rencontrés dans les villages que nous avons visités m'ont laissé une profonde impression. Malgré leur vie rude et leurs faibles ressources, ils se montraient toujours optimistes et hospitaliers. Alors que nous participions à l'enregistrement d'un programme à Chamagudao, des habitants locaux, le sourire aux lèvres, nous avaient invités à boire le thé et à déguster des spécialités culinaires du coin. Comme ils parlaient leur dialecte, je ne comprenais pas un traître mot de ce qu'ils disaient, mais cela ne m'empêchait pas d'appréhender les traditions culturelles et les coutumes locales. Un jour aussi, une grand-mère m'avait appris à préparer des piments marinés. Cette attention si sincère et chaleureuse, je crois qu'il est difficile de la trouver de nos jours dans les métropoles modernes.
À la suite de « Pont vers le chinois », je suis montée à bord d'un autre « train » à destination de Hangzhou (chef-lieu du Zhejiang). Bénéficiant d'une bourse de l'Institut Confucius, j'étudie, depuis septembre 2014, en master « Études internationales » à l'université du Zhejiang. J'espère qu'après l'obtention de mon diplôme, mon « rêve chinois » se réalisera : celui de faire découvrir à mes compatriotes la culture traditionnelle et la langue de ce pays oriental.
En tout cas, je suis convaincue que mon voyage en Chine sera interminable. Hangzhou n'est qu'une étape : un autre arrêt m'attend, puis encore un autre…
*IEVA NAGYTE est étudiante étrangère à l'université du Zhejiang.