Dernière mise à jour à 09h02 le 07/06
L'économie sud-africaine -une des cinq qui composent le BRICS avec le Brésil, la Russie, la Chine et l'Inde- est officiellement entrée en récession, après un trimestre bien pire que prévu qui a vu le marché de la production économique diminuer de 0,7%, en contradiction avec les attentes d'une croissance décente. Le Rand s'est affaibli immédiatement après l'annonce de la nouvelle et a perdu 1,16% par rapport au dollar au moment de la mise sous presse, avec un minimum à 12,8525 pour 1 Dollar US. Les obligations d'État ont également baissé. Les données de Statistics South Africa ont montré mardi que l'Afrique du Sud est ainsi entrée en récession pour la première fois en huit ans, après une contraction de son économie au premier trimestre, menée par la faiblesse du secteur manufacturier et du commerce. Selon l'agence de statistiques, l'économie a diminué de 0,7% au cours des trois premiers mois de l'année après avoir déjà baissé de 0,3% au quatrième trimestre de l'année dernière.
C'était la première fois que deux trimestres consécutifs affichent une contraction -un autre mot pour parler de récession- depuis le deuxième trimestre 2009, bien qu'il y ait eu des trimestres individuels de croissance dite négative au cours des dernières années. Les économistes interrogés par Reuters s'attendaient à une expansion du PIB de 0,9% d'un trimestre sur l'autre. « Nous pouvons maintenant déclarer que l'économie est en récession », a déclaré le directeur général adjoint de Statistics South Africa, Joe de Beer. « Les principales industries qui se sont contractées dans l'économie ont été les secteurs du commerce et de la fabrication ». Néanmoins, le produit intérieur brut a augmenté de 1,0% par rapport à l'année précédente au premier trimestre, contre une contraction de 0,7% au cours des trois mois précédents, selon l'agence.
Ces chiffres de croissance médiocre vont sans doute accentuer davantage la pression sur le gouvernement pour redresser l'économie dans le but d'éviter de nouvelles dégradations de sa cote de crédit. Les agences d'évaluation S & P Global Ratings et Fitch ont déclaré la semaine dernière que les risques pour les évaluations incluent une faible croissance économique et une incertitude politique avant la conférence du Congrès national africain (ANC) en décembre, quand un successeur à l'actuel Président Jacob Zuma sera choisi. M. Zuma peut rester en tant que chef de l'Etat jusqu'aux élections de 2019.
Les risques politiques se sont renforcés en mars de cette année, lorsque Jacob Zuma a renvoyé le très respecté Ministre des finances Pravin Gordhan, ce qui a entraîné une baisse de la notation de crédit de l'Afrique du Sud au niveau peu enviable de « Junk » par S & P et Fitch. De son côté, Moody's -dont la note Baa2 est de deux points au-dessus de « Junk »- examine aussi la possibilité de dégrader l'Afrique du Sud à son tour. La pression sur Jacob Zuma, y compris depuis l'intérieur de son propre parti l'ANC, s'est amplifiée depuis le remaniement du gouvernement et les allégations de trafic d'influence par certains amis riches du Président sud-africain.