Les récentes manifestations raciales à travers les Etats-Unis ont non seulement reflété les tensions latentes liées aux pouvoirs excessifs de la police et à la discrimination raciale dans le pays, mais aussi l'absence des droits de l'homme et de la justice.
Ce constat est celui posé par certains grands experts en sciences sociales et en droits de l'homme après que des images de grandes manifestations ont fait la une des médias internationaux à la suite de l'annonce du verdict d'un grand jury américain ayant décidé de ne pas inculper les policiers blancs responsables de la mort de deux Afro-américains non armés, Michael Brown et Eric Garner.
Le racisme reste un grave problème aux Etats-Unis, a confié à l'agence Xinhua Darrell West, chercheur principal de la Brookings Institution.
De grandes inégalités existent en matière de revenus, d'emploi et d'éducation. Les hommes noirs sont souvent ciblés par la police et les Afro-Américains ne considèrent pas la police comme impartiale dans l'administration de la justice, a expliqué M. West.
Les Noirs sont plus susceptibles que les Blancs d'être condamnés à des peines de prison, ce qui nourrit le cynisme et la mauvaise volonté au sein des minorités, a-t-il souligné.
Pour apaiser les conflits raciaux, M. West a suggéré qu'une meilleure formation serait nécessaire pour améliorer les mauvais résultats des forces de l'ordre. "La police doit faire preuve de plus de mixité pour pouvoir comprendre les craintes et les préoccupations des communautés minoritaires", a-t-il déclaré.
S'agissant du récent rapport sur la torture de la CIA, M. West a noté qu'il présentait une image inquiétante des actions du gouvernement.
En ce qui concerne les actions de la police et les décisions des grands jurys dans les affaires concernant Michael Brown et Eric Garner, Tim Lynch, directeur du Projet de justice pénale du Cato Institute, a souligné qu'il y avait confusion entre jurys de procès et grands jurys aux Etats-Unis.
"Dans les procès avec jury, un avocat de la défense pose des questions et un juge supervise le procès", a-t-il expliqué.
Ce n'est pas le cas avec un grand jury. "Il n'y a pas d'avocat de la défense au tribunal, ni de juge impartial pour superviser le procès. Il n'y a qu'un procureur", a indiqué M. Lynch.
"Quand les membres du grand jury se présentent, ils s'en remettent naturellement à celui qu'ils pensent être expert, celui qui connaît la loi, alors ils suivent sa position", a-t-il expliqué. "Il est vraiment trompeur pour les procureurs de dire des choses comme "le grand jury l'a décidé". En réalité, ils n'ont fait que suivre sa position", a-t-il conclu.
Outre les problèmes raciaux,des actes d'usage de la force et des fusillades dont la légitimité pourrait être remise en cause ont également marqué les conflits à Ferguson et dans d'autres régions.
"Je considère cela comme un problème général d'abus de la police, plutôt qu'une discrimination raciale de la part de la police", a-t-il souligné.
Les minorités sont les plus durement touchées par les abus de la police et les tactiques des policiers consistant à arrêter et à fouiller des personnes ont souvent pour conséquence que les hommes issus de minorités sont illégalement fouillés et placés en détention, ce qui suscite un ressentiment au sein des communautés, selon l'expert.
Outre les problèmes des minorités, il existe également des problèmes de droits de l'homme aux Etats-Unis.
Selon Michelle Mittelstadt, du Migration Policy Institute, un certain nombreux de questions de droits de l'homme devront être examinées pour trancher sur le statut des quelque 11,4 millions de personnes vivant illégalement aux Etats-Unis, dont la majorité vivent dans le pays depuis de nombreuses années, travaillent, ont des enfants nés aux Etats-Unis et se sont intégrées dans des communautés américaines.
"Les Etats-Unis ont besoin d'un système d'immigration contemporain et flexible qui réponde aux besoins des employeurs et de l'immigration familiale à travers des voies d'immigration légales et qui reflète les réalités de l'économie et du marché du travail", a-t-elle fait remarquer.
En même temps, des politiques et des programmes efficaces d'application de la loi sont nécessaires pour maintenir hors du pays ceux qui posent une menace à la sécurité nationale ou la sécurité publique et pour dissuader l'immigration illégale, a-t-elle ajouté.
Il faut reconnaître qu'il existe des besoins au-delà des discussions et qu'à présent, les manifestations dans les rues font pression pour réaliser de véritables progrès dans l'élimination de la discrimination raciale et la protection des droits de l'homme, ont conclu ces experts.