Dernière mise à jour à 13h30 le 16/12
Des habitants de Sanaa ont vu des avions de guerre saoudiens survoler leur ville mercredi matin, marquant ainsi la première violation claire du fragile cessez-le-feu soutenu par l'ONU annoncé la veille.
Les habitants ont tous pu entendre clairement le bruit des avions, qui ont survolé la ville pendant un quart d'heure, et un grand nombre d'entre eux ont indiqué avoir vu plusieurs appareils en même temps.
Aucune arme anti-aérienne n'a été tirée en représailles par le groupe rebelle chiite des Houthis.
Hamid al-Bukhaity, un responsable houthiste, a indiqué que son groupe ne tirerait pas sur les avions, mais respecterait le cessez-le-feu.
De nombreux incidents ont été rapportés depuis le début du cessez-le-feu, notamment dans la province de Taiz, dans le sud-ouest du pays, où sept personnes auraient été tuées dans des bombardements houthistes et neuf autres blessées. Des responsables et des témoins ont également affirmé que les milices houthistes continuaient d'assiéger Taiz malgré le cessez-le-feu, en empêchant l'eau et les fournitures médicales d'accéder à la région.
Des témoins ont également rapporté que les milices houthistes s'étaient avancées dans le district d'al-Mazarik mercredi matin, où elles ont échangé des tirs avec les forces gouvernementales.
Des affrontements auraient également eu lieu mardi soir entre les rebelles houthistes et des partisans du gouvernement dans la province de Marib, dans le nord du pays, 50 minutes seulement après le début du cessez-le-feu, selon des sources militaires.
Des incidents similaires ont été rapportés dans les provinces de Taiz et de Lahj.
Le cessez-le-feu de sept jours entre les forces pro-gouvernementales appuyées par l'Arabie saoudite et les rebelles armés houthistes est entré en vigueur mardi après-midi pour coïncider avec le lancement des négociations de paix parrainées par l'ONU en Suisse.
Le président yéménite reconnu par la communauté internationale, Abd Rabbo Mansour Hadi, a demandé au commandement de la coalition menée par l'Arabie saoudite de respecter le cessez-le-feu et de suspendre toute frappe aérienne contre les Houthis, selon l'agence de presse officielle yéménite.
M. Hadi a déclaré la semaine dernière que le cessez-le-feu humanitaire de sept jours serait prolongé si les Houthis et leurs alliés lèvent le siège de Taiz, libèrent des prisonniers et mettent fin à leurs actions militaires.
A Genève, les parties au conflit ont commencé les négociations sous la médiation de l'envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed.
Les négociations cherchent à améliorer la situation humanitaire et à garantir un retour à une transition politique pacifique et ordonnée reposant sur la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui exige le retrait des Houthis des territoires dont ils se sont emparés et leur désarmement.
La coalition arabe menée par l'Arabie saoudite a commencé à bombarder les bases militaires et les dépôts d'armes des combattants houthistes en mars dernier avant de déployer des milliers de soldats des Emirats arabes unis, du Soudan, du Qatar et d'autres pays sur le sol yéménite pour soutenir les forces pro-gouvernementales.
La livraison d'armes lourdes et le déploiement de soldats du Golfe ainsi que de combattants yéménites formés en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis ont permis aux forces pro-gouvernementales de reprendre Aden et quatre provinces du sud du pays en juillet.
Les rebelles houthistes, soutenus par la garde républicaine fidèle à l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh, détiennent toujours Sanaa et la plupart des régions du nord du pays depuis septembre 2014.
Plus de 6.000 personnes ont été tuées au Yémen depuis mars dernier dans des combats et des raids aériens, dont la moitié de civils.