Dernière mise à jour à 08h46 le 06/02
L'ancien ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle 2017, a tracé samedi les grandes lignes de son programme à l'occasion de son premier grand meeting à Lyon. Le candidat du mouvement En marche! a réaffirmé à cette occasion être ni de droite ni de gauche, une stratégie pour ratisser large à la fois du côté du Parti socialiste et des Républicains.
Lutte contre le terrorisme, laïcité, économie, etc. M. Macron a esquissé son programme qu'il présentera officiellement fin février. Pour l'ex-ministre de l'Economie, la liberté, c'est d'abord la sécurité, "la liberté de ne pas avoir peur sans laquelle rien n'est possible". C'est pourquoi "le premier combat de nos combats sera celui contre le terrorisme", a-t-il indiqué.
Dans le cadre de cette lutte, Emmanuel Macron a promis de porter progressivement le budget de la défense à 2% du PIB, d'embaucher 10.000 fonctionnaires de police et de gendarmerie et d'instaurer "une police de sécurité quotidienne".
Sur la laïcité qui fait également débat en France, le candidat a déclaré au nom de la liberté de conscience qu'il "n'accepte pas qu'un homme au titre de sa religion refuse de serrer la main d'une femme". Et pour la même raison, "je n'accepte pas que des regards d'hommes puissent interdire à une femme de venir s'installer dans un café. Car chaque fois qu'on laisse faire, on abandonne un bout de notre liberté", a-t-il expliqué.
Emmanuel Macron a aussi taclé ses adversaires sans les nommer, à travers son programme. "Il y a quelques semaines, non loin de Lille, j'ai vu des femmes et des hommes. Ils ne m'ont pas demandé le revenu universel, parce qu'ils l'ont : ça s'appelle le RSA", a-t-il déclaré en faisant allusion au projet phare du candidat du PS, Benoît Hamon, le revenu universel d'existence. Et de s'opposer à ce projet parce qu'il "propose à chacun de vivre l'oisiveté subie ou choisie (...) Si on savait le multiplier par deux, j'ose espérer qu'on l'aurait fait depuis longtemps".
L'ex-ministre titille également la droite par ses mesures libérales, notamment sa décision de supprimer le RSI (régime social des indépendants), d'alléger le droit du travail et les charges patronales jusqu'à 2,5 fois le SMIC. Le candidat d'En marche! veut aussi financer différemment les régimes maladie et chômage et alléger les cotisations payées par les salariés.
Et en plus de piocher dans son programme, le candidat qui se dit ni de gauche ni de droite a lancé des piques à François Fillon, candidat de la droite, au cœur d'une polémique relative à un présumé emploi fictif.
"Nous vivons un moment grave où les scandales chaque jour dévoilent les pratiques d'un autre âge (...) Ne parlons pas les uns et les autres de complot, donnons la transparence", a dit M. Macron, faisant allusion à M. Fillon qui a récemment accusé le pouvoir de complot dans l'affaire dite du PenelopeGate.
Emmanuel Macron a aussi taclé, sans le citer, le Front national qui souhaite le retrait de la France de l'UE. "Certains prétendent parler au nom du peuple. Ils ne parlent pas au nom du peuple, mais pour eux-mêmes, de père en fille et de fille en nièce", a indiqué l'ancien ministre tout en assurant qu'il n'y aura pas de mur dans son programme, mais des frontières européennes.
Le candidat d'En marche! a balayé le clivage gauche/droite et s'est posé en rassembleur. "L'important n'est pas d'être de gauche ou de droite, c'est d'être Français", a déclaré M. Macron qui a cité comme référence plusieurs leaders des deux camps. "Pour s'émouvoir du grand discours de François Mitterrand sur l'Europe, quelques semaines avant sa mort, fallait-il être de gauche? Pour éprouver de la fierté lors du discours de Jacques Chirac au Vel d'Hiv, fallait-il être de droite? Non, il fallait être Français", a-t-il expliqué.
Cette stratégie du "ni gauche ni droite" permet à Emmanuel Macron de capter les indécis ou les frustrés du PS et des Républicains. Ainsi, plusieurs députés socialistes "réformateurs" proches de Manuel Valls disent ne pas se reconnaître dans le programme de Benoît Hamon et avouent être tentés par M. Macron. A droite également, la presse annonce de probables départs vers l'ex-ministre en raison du PenelopeGate qui fait chuter François Fillon dans les sondages.
Ce positionnement de M. Macron est fortement critiqué par les deux camps. Dans le journal Le Monde, Benoît Hamon le qualifie de "clignotant" apparaissant comme un candidat de substitution à François Fillon.
Jean-François Debat, maire PS de Bourg-en-Bresse, critique également sa démarche dans le magazine Lyon Capitale. "S'il voulait faire une OPA sur la gauche, il n'avait qu'à venir à la primaire. Aujourd'hui, il fait une OPA hostile sur le PS tout en développant un discours ni droite ni gauche", a dénoncé l'élu socialiste.
Au parti Les Républicains, la position de Macron inquiète aussi. "Il essaye d'annexer le PS et je suis curieux de voir comment un candidat qui se dit ni à gauche ni à droite s'en justifie. Il vit sur une bulle spéculative. Il se dit libéral et de gauche. Pour moi, ces deux termes ne peuvent pas cohabiter", a jugé Alexandre Vincendet, maire LR de Rillieux-la-Pape.
Selon un sondage Ifop/Paris-Match publié vendredi, Emmanuel Macron est crédité de 20,5% des intentions de vote, derrière Marine Le Pen 25%, tandis que François Fillon continue de chuter pour cause de PenelopeGate. Le candidat de la droite est désormais à 18,5% des intentions de vote, suivi de Benoît Hamon (16,5%) et de Jean-Luc Mélenchon (10%). Au second tour, Emmanuel Macron l'emporterait face à Marine Le Pen avec 63% des voix.