Dernière mise à jour à 16h42 le 19/04
Alors qu'elle enregistre un tassement dans les sondages, la prétendante à l'Elysée Marine Le Pen a entamé la dernière semaine de la campagne présidentielle en durcissant le ton et en renouant avec ses thèmes de prédilection que sont l'immigration, l'identité française et la lutte contre "l'islamisation".
"Rendez-nous la France!", a martelé la présidente du Front national (FN, qualifié d'extrême droite par hommes politiques et médias français), sous les ovations de ses sympathisants réunis à Paris, lundi, pour le seul meeting parisien du parti prévu avant le premier tour de scrutin, dimanche. Le public, chauffé à blanc, a régulièrement ponctué le discours musclé de la candidate du FN en scandant "On est chez nous!", ou "La France aux Français!".
"Cet appel que vous lancez exprime (...) cette angoisse légitime qui nous étreint de ne plus être, en effet, tout à fait chez nous en France", a répondu Marine Le Pen. "Chaque jour, ce sont des centaines d'étrangers supplémentaires qui rentrent chez nous pour s'y installer (...) avec l'intention de vivre comme chez eux. On ne peut plus le laisser faire. Pour beaucoup de Français, l'immigration massive est une oppression", a-t-elle affirmé.
La présidente du FN a par ailleurs annoncé un moratoire sur l'immigration légale, une mesure qui ne figure pas dans son programme. "Je déciderai d'un moratoire sur toute l'immigration légale pour arrêter ce délire, cette situation incontrôlée qui nous entraîne vers le fond. Un moratoire pour faire le point de la situation avant de mettre en place de nouvelles règles et une nouvelle régulation beaucoup plus drastiques, plus raisonnables, plus humaines, plus gérables", a-t-elle déclaré.
Une décision qui ne concernerait pas les étudiants étrangers, a-t-elle toutefois précisé, mardi matin, sur les ondes de RTL.
Au-delà de son leitmotiv sur la fermeture des frontières, Marine Le Pen n'a pas hésité à établir un lien direct entre immigration d'un côté, délinquance et terrorisme de l'autre. "Avec moi, il n'y aurait pas eu les terroristes migrants du Bataclan car ils n'auraient pas eu le droit de rentrer dans notre pays", a-t-elle asséné, en référence aux attentats qui ont fait 130 morts à Paris et à Saint-Denis, le soir du 13 novembre 2015.
"Dans cette élection, ce qui se joue, c'est un enjeu de civilisation. Soit la France notre patrie, son mode de vie, son unité, sa souveraineté, sa fierté, son identité nationale. Soit le renforcement d'une société de divisions, un pays ouvert à tous les vents, une société minée par une violence endémique où dominera la loi du plus fort, celle des caïds, des mafias, des féodalités", a encore lancé Marine Le Pen.
Dans cette campagne présidentielle, la présidente du FN, engagée dans une stratégie de "dédiabolisation" du parti, s'était jusqu'ici efforcée de lisser son image. Mais, pour la dernière ligne droite de la course à l'Elysée, elle a indéniablement changé de ton et reprend des accents qui rappelle ceux de son père et fondateur du parti, Jean-Marie Le Pen.
La députée européenne espère jouer sur la question de l'immigration (thématique phare du FN depuis 40 ans) pour se démarquer de ses principaux adversaires : Emmanuel Macron, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon, qu'elle taxe d'"immigrationnistes".
Dans cette folle campagne présidentielle, dominée par le feuilleton des affaires du candidat de la droite François Fillon, la séduction exercée par le mouvement "En Marche!" de l'ancien ministre du président Hollande, Emmanuel Macron, ou encore la percée du candidat de "La France insoumise", Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen n'a pas pu attaquer frontalement ses concurrents sur ce terrain qui lui est favorable dans le contexte de la crise migratoire et de la montée du terrorisme.
A six jours du scrutin, la candidate du FN veut manifestement polariser le débat autour de l'immigration et de l'"islamisation", comme elle avait tenté de le faire en 2015 avant le premier tour des élections régionales en réclamant l'expulsion des demandeurs d'asile, en pleine crise des migrants.
Marine Le Pen sait par ailleurs qu'elle doit remobiliser sa base si elle ne veut pas prendre le risque de subir une déconvenue dimanche. Lors de son meeting, lundi, elle a d'ailleurs appelé avec insistance ses partisans à se mobiliser "jusqu'au dernier moment". "Si chacun d'entre vous convainc un indécis, alors la victoire de nos idées est assurée", a-t-elle affirmé. "Après une longue marche jusqu'aux portes du donjon qu'il faut conquérir, il ne faut rien lâcher", a-t-elle ajouté.
Si les enquêtes d'opinion la donnent qualifiée pour le second tour, les écarts entre les principaux prétendants à l'Elysée se sont nettement resserrés. La courbe de ses intentions de vote, qui avait approché les 30%, est progressivement retombée sous les 25%. Selon les sondages, elle serait battue au second tour, quel que soit son adversaire.