Dernière mise à jour à 09h40 le 21/04
Un groupe d'agriculteurs vietnamiens qui ont pris plus d'une douzaine de policiers et de fonctionnaires en otage au sujet d'un conflit sur des terres ont déclaré jeudi qu'ils résisteraient à toute tentative de sauvetage des autorités et ont bouclé leur village. L'incident a commencé samedi à My Duc, un quartier de la banlieue de Hanoï, lorsque les autorités ont dû affronter des villageois qui prétendaient que leurs terres avaient été illégalement saisies pour être vendues par une entreprise de télécommunications appartenant à l'armée.
Cette crise est un acte de défi rare dans ce pays, où la colère contre la corruption des officiels et les saisies de terres couve mais se manifeste rarement et reçoit habituellement en ce cas une réaction énergique de la part de la police. Les résidents locaux ont déclaré à l'AFP qu'ils avaient interdit l'entrée de leur village avec des barricades fabriquées à partir de bûches, de sacs de sable et de briques et avaient interdit à tous les étrangers d'entrer. Ils ont également proféré des menaces voilées, affirmant qu'ils mettront le feu à la maison où les otages sont détenus si les autorités tentaient la moindre intervention.
Une fermière, qui a refusé de donner son nom, a déclaré que les villageois ont pris des mesures « préventives » mercredi après avoir repéré des signes montrant que la police pourrait envisager une tentative de sauvetage. « Nous avons versé de l'essence autour de la maison communautaire où les hommes sont gardés. Nous passerons à l'action si la police nous attaque », a-t-elle déclaré à l'AFP, ajoutant que les otages étaient bien traités et qu'ils bénéficiaient de trois repas par jour. Au total, 38 policiers et fonctionnaires locaux ont été pris en otages samedi. 3 d'entre eux ont réussi à s'enfuir, tandis que 15 autres ont été libérés lundi, a annoncé la police de Hanoï, citée sur les médias d'État. « Nous détenons encore 20, dont 2 hauts fonctionnaires locaux », a déclaré la fermière à l'AFP.
Ce n'est pas la première fois que des villageois vietnamiens prennent les armes pour résister à ce qu'ils estiment être des actes d'injustice de la part de l'État. En 2012, un viticulteur vietnamien avait utilisé des armes artisanales pour résister à une expulsion forcée, blessant sept policiers. Le fermier a été condamné à 5 ans de prison, mais son cas est devenu un symbole de l'insatisfaction publique croissante au sujet des droits fonciers. En 2013, un homme armé avait tué un agent provincial avant de se donner la mort, dans un conflit sur des terres dans le Nord du Vietnam. Le Luan, un avocat qui s'est rendu dans le village pour agir en tant que médiateur, a déclaré que les résidents locaux « veulent seulement dialoguer avec les autorités », ajoutant qu'« Il est difficile de dire comment les autorités veulent résoudre cette affaire ». A ce jour, la police et les autorités locales se sont refusées à faire tout commentaire sur le sujet.