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La péninsule coréenne n'est pas le Moyen-Orient

le Quotidien du Peuple en ligne | 28.04.2017 16h37

Récemment, un vent mauvais s'est levé sur la péninsule coréenne.

Le gouvernement Trump a accusé à plusieurs reprises le programmes d'armes nucléaires et de missiles balistiques de la Corée du Nord de constituer une menace croissante pour les États-Unis, affirmant qu'au cours des 20 dernières années des efforts diplomatiques faits en direction de la Corée du Nord ont échoué, et soulignant que « la patience stratégique » des États-Unis a pris fin. De son côté, la Corée du Nord ne s'est pas montrée en reste, avec son style de « super-fermeté contre la fermeté », avec un langage fort et diverses actions pour protester contre les États-Unis. Sur la base de différentes images satellites et autres éléments de preuve, l'opinion internationale a émis l'hypothèse que la Corée du Nord pouvait utiliser l'occasion de plusieurs célébrations en avril pour procéder à sa sixième série d'essais nucléaires. Aux yeux de l'opinion publique internationale, c'est comme si les États-Unis et la Corée du Sud d'un côté et la Corée du Nord de l'autre semblaient se préparer à montrer leurs muscles et pour un grand combat.

En fait, en dépit de la situation certes très tendue dans la péninsule, nous n'en sommes pas pour autant arrivés au point d'une guerre imminente. Se montrer déterminé à agir militairement et de manière préventive comme la première option n'est pas si facile. Du point de vue force globale, les États-Unis et la Corée du Sud ont un avantage écrasant sur la Corée du Nord, mais aucune chance de gagner. Car les deux côtés de la « zone démilitarisée » qui divise la péninsule comptent sans doute parmi les zones les plus militarisées du monde. La Corée du Nord s'est toujours entraînée à profiter de l'environnement géographique resserré pour causer des pertes énormes au Sud de la péninsule coréenne, et développe toujours plus de moyens militaires. Toute tentative de lancement d'une provocation militaire risquerait d'avoir des conséquences dévastatrices. Peu importe qui commencerait la guerre, car si jamais un conflit éclatait vraiment, personne ne pourrait en sortir vainqueur.

Cette situation pourrait être qualifiée d'« équilibre de la terreur » dans la péninsule. Dans le contexte de ce soi-disant « équilibre de la terreur », la situation est encore fragile et dangereuse. la possession d'armes nucléaires par la Corée du Nord sape le régime international de non-prolifération, et constitue une violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Si la Corée du Nord persiste à se livrer à des essais nucléaires, cela ne conduira qu'à de nouvelles sanctions internationales sévères, et à l'isoler davantage encore sur la scène internationale. De même, si les Etats-Unis et la Corée du Sud continuent à faire peser une pression militaire sur la RPDC, à rechercher de nouvelles sanctions et à isolement la RPDC, cela aura pour conséquence de voir celle-ci répondre de manière plus extrême, conduisant à une aggravation de situation dans la péninsule, et à la création d'un cercle vicieux. Dans ce contexte, le moindre incident inattendu pourrait, comme une petite étincelle, mettre le feu au baril de poudre et causer par là même des conséquences désastreuses pour la péninsule et ses environs. La guerre au Moyen-Orient s'est avérée des plus tragiques, et si jamais le tumulte de la guerre éclatait dans la péninsule, la situation en Asie du Nord-est pourrait être plus tragique encore. Bien sûr, la probabilité que cela se produise est très faible, comme l'a souligné le Ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi : « En ce qui concerne la possibilité du déclenchement d'une guerre, la possibilité n'en atteint pas 1%. La péninsule coréenne est pas le Moyen-Orient ».

Pour résoudre la question nucléaire, il n'y a pas de solution miracle, il n'existe aucun moyen efficace du jour au lendemain. Tous les pays de la région veulent maintenir leur sécurité nationale, et le règlement pacifique de la question nucléaire est un dénominateur commun conforme à tous les intérêts de toutes les parties concernées. L'histoire a prouvé à maintes reprises que la force ne peut pas résoudre les problèmes, et que le dialogue et la consultation sont la seule façon correcte de résoudre la question nucléaire dans la péninsule coréenne.

À l'heure actuelle, la situation dans la péninsule coréenne est toutefois plutôt rassurante ; ces jours-ci, aucun incident inquiétant majeur n'a été enregistré, en particulier la Corée du Nord n'a pas procédé à un nouvel essai nucléaire. A cet égard, le Ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi a souligné que cette situation est le fruit d'efforts communs et le résultat de la retenue des parties concernées, mais il faut aussi comprendre que l'état relativement stable de la péninsule est très fragile et peut changer à tout moment. Et c'est pourquoi la Chine appelle à toutes les parties à s'abstenir d'intensifier encore les comportements contradictoires.

Il est également impératif que les parties prenantes prennent sérieusement en considération l'idée de « double suspension » proposée par la Chine. Actuellement, les positions de chacun sur la résolution de la question nucléaire dans la péninsule coréenne sont variées. Le Ministre des affaires étrangères Wang Yi a clairement indiqué que la Chine ne ne se laissera pas berner par toutes sortes d'histoires, pas plus qu'elle ne refusera ses responsabilités. Le « remède » proposé par la Chine est un médicament amer. La Corée du Nord devrait suspendre ses essais nucléaires, tandis que la Corée du Sud et les États-Unis devrait également suspendre leurs exercices militaires ciblés à grande échelle, ceci conformément à l'esprit des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur ce sujet.

Récemment, le Secrétaire d’État, le Secrétaire à la défense et le directeur du renseignement national des États-Unis ont publié une déclaration conjointe, dans laquelle ils soulignent, en même temps qu'ils souhaitent poursuivre la pression sur la RPDC, qu'ils veulent une péninsule stable, rechercher des moyens pacifiques pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule, et d'atteindre cet objectif grâce à des négociations, ce qui témoigne d'une attitude ouverte. Ce message mérite toute notre attention.

Voir les États-Unis et la Corée du Nord continuer à se haïr vainement et à agiter le drapeau de la confrontation militaire, ne profitera à personne. Nous espérons que les États-Unis et la Corée du Nord pourront donner un signal positif, qui contribuera à disperser les nuages qui s'accumulent au-dessus de la péninsule.

(Jia Xiudong est commentateur de presse et chercheur émérite à l'Institut chinois des études internationales)

 

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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