Dernière mise à jour à 08h33 le 02/06
Le président de l'Afghanistan, Ashraf Ghani, a condamné l'attentat à la bombe mené à l'aide de camions piégés qui a détruit le cœur du district diplomatique de Kaboul, tuant au moins 90 personnes et blessant des centaines d'autres. La puissante explosion de mercredi a été décrite par les responsables comme « l'une des plus grandes » à avoir frappé la capitale afghane. Selon Najib Danish, porte-parole adjoint du Ministre de l'intérieur, les explosifs avaient été dissimulés dans un camion-citerne utilisé pour nettoyer les systèmes de fosses septiques. Personne n'a revendiqué la responsabilité de cette attaque dans l'immédiat, mais Zabihullah Mujahid, un porte-parole des Talibans, a néanmoins déclaré à Al Jazeera que le groupe n'était pas impliqué dans l'attaque.
Tard mercredi cependant, l'agence de renseignement afghane a accusé le réseau Haqqani, allié aux Talibans et au Pakistan voisin, d'être derrière l'explosion meurtrière. « Le plan de l'attaque d'aujourd'hui a été élaboré par le réseau Haqqani avec une coordination directe et une coopération de l'Inter Services Intelligence Pakistanaise (ISI) », a déclaré la Direction nationale de la sécurité dans un communiqué. L'Afghanistan accuse depuis longtemps le Pakistan de soutenir et d'abriter des dirigeants et combattants Haqqanis et Talibans. L'explosion a creusé un cratère d'environ 5 mètres de profondeur près de la place Zanbaq dans le district de Wazir Akbar Khan, où les bâtiments du gouvernement et les ambassades étrangères sont protégés par des forces constituées par leur propre personnel de sécurité, des policiers afghans et des forces de sécurité nationales.
« Dans cette attaque puissante, 90 personnes ont été tuées et 400 blessées, dont beaucoup de femmes et d'enfants », a déclaré le centre des médias du gouvernement, et les responsables de la santé ont signalé de leur côté que le nombre de morts pourrait encore augmenter. Les victimes semblent principalement être des civils afghans. « Les terroristes, même pendant le mois sacré du Ramadan, le mois de la bonté, de la bénédiction et de la prière, n'arrêtent pas le meurtre de nos innocents », a déclaré le Président de l'Afghanistan, Ashraf Ghani. Selon Qais Azimy, correspondant d'Al Jazeera, le nombre de morts pourrait, selon les sources, atteindre 100, avec plus de 500 blessés. « C'est l'une des plus grandes attaques que j'ai jamais vues en Afghanistan », a-t-il déclaré. « C'est un jour très triste et très sanglant pour les gens de Kaboul ».
Les images tournées sur les lieux ont montré des débris brûlés, des murs et des bâtiments en ruines, des voitures détruites, beaucoup de personnes mortes ou blessées à l'intérieur. Qais Azimy estime pour sa part que ce drame soulève de nombreuses questions au sujet de la sécurité à Kaboul, notant que beaucoup se demandent comment « un camion rempli d'explosifs a pu réussir à atteindre une partie de la capitale très sécurisée ». A des centaines de mètres du site de l’explosion, les maisons et les magasins ont été endommagés, les fenêtres ont été brisées et les portes ont été arrachées de leurs charnières. « L'explosion a été si forte qu'elle a brisé toutes mes fenêtres. Je n'avais jamais entendu quelque chose d'aussi fort auparavant, a commenté Fatima Faizi, une habitante de Kaboul, à Al Jazeera.
Pour Michael Kugelman, du Wilson Center américain, cette attaque sanglante signifie un « échec du renseignement » à Kaboul. « Il y a eu un manque évident d'anticipation d'une menace majeure pour la sécurité dans une zone hautement sécurisée », a-t-il déclaré, ajoutant que « Le fait que ces échecs du renseignement continuent suggère que quelque chose ne fonctionne pas au sommet, et que des changements majeurs et urgents sont nécessaires dans la politique de sécurité ». L’État islamique a revendiqué la responsabilité de plusieurs attentats récents dans la capitale afghane, notamment une explosion puissante visant un convoi blindé de l'OTAN qui a tué au moins 8 personnes et blessé 28 autres le 3 mai dernier.