Dernière mise à jour à 10h10 le 19/10
Dans un contexte de grogne policière, et sur fond de menace terroriste, le président français Emmanuel Macron a délivré un long discours, mercredi après-midi, à l'Elysée, devant quelque 500 cadres représentant les forces de l'ordre, afin de détailler sa réforme de la sécurité intérieure dont il veut faire une "priorité financière".
Trois ministres, des directeurs départementaux de la police, des commandants de groupement de gendarmerie, des préfets et les principaux cadres du ministère de l'Intérieur : ce sont près de 500 personnes qui étaient rassemblées à l'Elysée, mercredi, en début d'après-midi, pour assister au discours qualifié de "fondateur" du président Macron sur la politique de sécurité qu'il compte mettre en oeuvre. Seul Nicolas Sarkozy, au début de son mandat, avait organisé un événement similaire.
Pendant une longue intervention, le chef de l'État français a salué avec insistance à plusieurs reprises le travail des forces de l'ordre. Il a justifié l'importance selon lui d'ancrer la sécurité "dans le droit commun". Le controversé projet de loi qui vise à renforcer la sécurité intérieure entrera en vigueur le 1er novembre, au moment de la sortie officielle de l'état d'urgence décrété dans la foulée des attentats meurtriers de Paris en novembre 2015.
Le président Macron a assuré que la sécurité serait une "priorité financière" et a réitéré sa promesse de campagne portant sur le recrutement de 10.000 agents pendant son quinquennat: 10 000 policiers vont être embauchés en cinq ans, et 1 870 militaires seront recrutés dès 2018.
Le chef de l'Etat a évoqué les "treize attentats déjoués" depuis le début de l'année et a présenté la lutte contre le terrorisme comme l'"engagement premier" de l'État et des forces de sécurité françaises, avant d'annoncer une conférence européenne sur cette question pour le printemps 2018.
Le président Macron a insisté sur la nécessité d'accentuer le travail de renseignement entre les différentes instances dédiées, pour mieux recouper les informations. "Sept décrets relatifs au renseignement ont été publiés", a-t-il dit.
"La première bataille a été et demeure celle du partage de l'information", a-t-il poursuivi, revenant sur la mise en place au début de son mandat de la coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme menée par Pierre de Bousquet de Florian".
Le chef de l'Etat a également annoncé un nouveau plan national contre la radicalisation pour le mois de décembre. "Des plans d'action seront établis par les préfets dans leur département" impliquant "de nombreux autres services de l'État" pour "prévenir les menaces et mettre en place des organisations pour identifier les comportements les plus à risques", en coopération "étroite avec les magistrats", a-t-il indiqué.
Concernant la "police de sécurité du quotidien" (PSQ), le président Macron a souligné que la concertation commencera le 23 octobre et que la PSQ entrera en vigueur début 2018. Une quinzaine de villes devraient expérimenter ce nouveau dispositif l'an prochain mais les contours de cette réforme restent encore flous.
"Ce n'est pas le retour à la police de proximité", a-t-il assuré, réfutant tout parallèle avec la police de proximité créée par Lionel Jospin en 1998, et supprimée par Nicolas Sarkozy (alors ministre de l'Intérieur) cinq ans plus tard.
Le chef de l'Etat a aussi défendu une politique "intraitable" d'expulsion des étrangers en situation irrégulière, tout en accueillant les réfugiés "de manière exigeante" et "conforme à nos valeurs". "Nous accueillons mal, nous avons des procédures trop longues, nous intégrons approximativement et nous ne reconduisions plus", a-t-il affirmé.