L'élégant rétro
À une encablure du village de Niubi se trouve le village du Shitang, qui possède un caractère complètement différent. On dit que Shitang comptait un millier de familles autrefois, ce qui en faisait une grosse bourgade. Il fut un temps prospère. Il ne reste de ces temps éloignés que les ruines des anciens remparts et de vieilles maisons.
L'un des sites intéressants de Shitang est la barbacane à l'entrée du village. Par sa forme, on dirait un petit château quadrangulaire, entouré de douves. Hormis les quatre murailles, il y a également des tours de sentinelle. Avec le temps, les guerres ont disparu, la barbacane sert d'entrée au village, aujourd'hui assiégé par les touristes.
Un autre élément culturel intéressant de Shitang est une sorte de chant folklorique mystérieux des Hans que seules les femmes de Shitang chantent. Elles se le transmettent de bouche à oreille depuis un millénaire. Ce chant, appelé Yuejie, se chante dans un dialecte spécial, et possède une forme et une mélodie typiques.
Un autre endroit à ne pas manquer est un salon de coiffure centenaire. Ce salon est vraiment rétro : on y trouve encore une vieille tondeuse mécanique, un rasoir pliant, une vieille chaise de coiffeur en fer et de grands miroirs couverts de taches. Cela m'a ramené le souvenir du salon de coiffure de mon village natal. Le coiffeur, accueillant, était content de bavarder avec moi. Il m'a raconté qu'il avait 80 ans et avait commencé son apprentissage à 17 ans. Dans son enfance, sa famille était pauvre. C'est pour cela qu'il est devenu coiffeur en suivant un maître, dont il a hérité ce salon de coiffure. Depuis, le salon n'a pas été refait et le vieux coiffeur n'a pas décidé quand il partirait à la retraite.
Pendant que nous bavardons, plusieurs clients passent le voir. Il se met au travail. Assis sur une chaise rétro et revêtu de sa blouse blanche et bleue, le client semble venu d'une autre époque. Sous les doigts habiles du vieux coiffeur, ses cheveux dansent tels les blés sous le vent de l'été.
Après avoir coupé les cheveux, il lui rase la barbe et les tempes. Et je m'étonne de le voir lui raser les sourcils...
Un client a lu la crainte dans l'expression de mon visage, et m'a dit : « Il peut coiffer les gamins d'un mois, pas la peine d'avoir peur. Ses yeux, ses oreilles et ses mains sont toutes jeunes. » C'est vrai que les mouvements de ce vieil homme semblaient ceux d'un jeune garçon.