MA HUIYUAN, membre de la rédaction
Il est 16 h 30 et après l'école, un groupe d'enfants entre en riant et en discutant au Club international d'escrime de Wang Haibin. Les écoliers retrouvent leurs équipements dont ils commencent à se revêtir. Tout à l'heure, ils entreront sur la piste d'escrime pour un cours donné en anglais par leur entraîneur hongrois.
À l'extérieur de la salle de cours se trouve un petit musée consacré à l'escrime, où sont exposés des épées et des masques du Moyen Âge, ainsi que de vieilles photos et des documents témoignant de l'histoire de l'escrime. Au sous-sol, c'est un caveau à la voûte de style français rempli de vieilles bouteilles de vin de Bordeaux. Au milieu de la cave se dessine une longue table de dégustation qui peut accueillir 50 personnes. « Nous ne poursuivons pas un intérêt économique. Notre objectif est de construire une plate-forme pour diffuser la culture de l'escrime », explique Wang Meng, directeur du club, qui poursuit : « Notre club n'est pas le plus grand, mais c'est le plus sélect. Même au niveau mondial, nous comptons parmi les meilleurs. Des cours d'escrime de qualité, combinés à une excellente plate-forme d'échanges commerciaux. »
Essor des clubs d'escrime
En 2010, sous la direction de l'entraîneur Wang Haibin, l'équipe chinoise de fleuret a remporté le Championnat du monde d'escrime qui se tenait à Paris. C'est la première fois de son histoire que la Chine gagnait ce titre. Inspiré et encouragé par ce succès, Wang Haibin, avec l'aide d'un financement octroyé par le Groupe O.R.G., a pu ouvrir en août 2011 son Club international d'escrime à Beijing, avec entre autres le soutien du Centre du vélo et d'escrime de l'Administration générale de la culture physique et du sport.
Le club compte déjà plus de 400 membres dont 75 % sont des jeunes de moins de 15 ans. Wang Meng nous raconte : « À l'époque de la fondation du club, l'escrime était un sport encore peu connu qui comptait peu de pratiquants. Il n'existait que dix clubs d'escrime à Beijing, dont seulement un ou deux grands. » Selon Wang Meng, ce sport est populaire depuis toujours à l'étranger, surtout en Europe, dans les pays comme la France, l'Italie et l'Allemagne. La France est traditionnellement un pays fort en escrime. D'ailleurs la langue officielle de l'arbitrage en escrime est toujours le français.
Aujourd'hui, Beijing compte 60 clubs d'escrime, grands et petits. 30 à 50 000 adolescents sont passés par un entraînement à l'escrime dans ces clubs et de nombreux adultes s'exercent eux aussi pendant leur temps libre. On compte 3 000 escrimeurs professionnels en Chine.
Wang Haibin donne régulièrement des cours et participe aux autres activités du club. Parmi les entraîneurs, on compte deux Hongrois, un qui enseigne le fleuret, l'autre l'épée. Le club entretient de bonnes relations de coopération avec l'Association d'escrime des États-Unis, des clubs américains d'escrime, l'Association d'escrime européenne, l'Association d'escrime française ainsi que de nombreuses équipes nationales d'Asie du Sud-Est.
Parlant des projets de coopération avec les universités des États-Unis, Wang Meng espère « frayer une voie d'accès aux étudiants chinois vers les universités américaines prestigieuses ». « Aujourd'hui en Chine, la plupart des amateurs d'escrime sont des jeunes de moins de 15 ans. Les jeunes entrent au lycée à 15 ans et face à la pression du gaokao (le concours national d'entrée à l'université), nombreux sont ceux qui ne parviennent pas à concilier leur passion avec le bachotage et se voient obligés d'arrêter l'escrime. Aux États-Unis, de bons résultats en escrime peuvent permettre un accès direct à de très bonnes universités. Nous espérons ainsi offrir cette opportunité aux adolescents chinois. » Le club international Wang Haibin organise aussi des camps d'été pour les jeunes Chinois désireux de visiter l'Université de Boston. D'autres membres du club ont été envoyés en France pour participer à des compétitions sur le circuit français.
D'après le directeur du club, la méthode d'entraînement chinoise est très différente de celle qui se pratique dans d'autres pays. « Nous attachons plus d'importance aux bases techniques, par exemple à la position fixe et à la position d'attaque. Dans les pays européens ou aux États-Unis, on s'attache plutôt à développer l'intérêt et la passion des enfants pour ce sport. »