Histoire de l'escrime en Chine
L'escrime professionnelle s'est beaucoup développée en Chine depuis la fondation de la République populaire. Luo Pingbei est une figure emblématique pour les escrimeurs chinois, car il pratique l'escrime depuis ses toutes premières années, ce qui fait de lui un témoin privilégié du développement de ce sport depuis les années 1960. Il fut l'arbitre du match final du Championnat du monde d'escrime et il est désormais consultant senior au Club international d'escrime Wang Haibin. « Dans les années soixante, quand on commençait à apprendre l'escrime, les équipements étaient très simples et rudimentaires », se souvient-il.
M. Luo Pingbei rappelle qu'à l'époque, ce sont des entraîneurs soviétiques qui avaient formé les premiers escrimeurs chinois. Lors de la première édition des Jeux nationaux en 1959, l'escrime n'était qu'une discipline de démonstration. Mais dès la seconde édition, en 1965, l'escrime était une discipline officielle. Une dizaine d'équipes venant de provinces différentes ont participé aux matchs d'escrime.
Les années suivantes furent moins fastes pour les sports en général, et l'escrime en particulier a connu une période de stagnation. En 1974, ce sport fut réhabilité. C'est cette année que la Chine a participé pour la première fois aux Jeux Asiatiques dont la 7e édition se tenait en Iran, puis à la 31e édition du Championnat du monde d'escrime en France. En 1978, lors des Jeux Asiatiques à Bangkok, Wang Ruiji, un jeune chinois de 21 ans, a gagné la médaille d'or au sabre individuel hommes. En 1984, Luan Jujie a rapporté une médaille d'or à l'équipe chinoise dans la discipline du fleuret individuel femmes lors des Jeux Olympiques, les premières médailles d'or asiatiques. Après Luan Jujie, c'est Wang Haibin qui devint la figure emblématique de l'escrime chinoise en gagnant le championnat national en 1997 avant de remporter la seconde place au fleuret par équipes hommes en 2000 aux Jeux Olympiques de Sydney, puis la médaille d'or au fleuret individuel hommes lors des Jeux Asiatiques 2002 à Busan. Il est aujourd'hui entraîneur en chef de l'équipe chinoise masculine de fleuret.
Les escrimeurs chinois ont remporté les résultats remarquables : Zhong Man, médaille d'or aux Jeux Olympiques de Beijing 2008 au sabre individuel hommes ; Lei Sheng, médaille d'or aux Jeux Olympiques de Londres 2012 au fleuret individuel hommes ; médaille d'or aux Jeux Olympiques de Londres 2012 pour l'équipe féminine chinoise.
Luo Pingbei se souvient de son premier exemplaire des règles de l'escrime. Il s'agissait à l'époque d'une traduction chinoise du manuel français, mais il n'était pas satisfait de cette traduction. Le français est la langue d'usage pour l'escrime, c'est pourquoi il s'est plongé dans l'étude de cette langue pour pouvoir un jour arbitrer des matchs. « J'étais conscient que la maîtrise de la langue française est indispensable pour un professionnel de l'escrime. » Luo Pingbei nous raconte que dans les années 80 et 90, la Chine organisait une formation des arbitres d'escrime où l'on apprenait la terminologie française. Avant le lancement de cette formation officielle, la Chine ne possédait que deux arbitres internationaux : Tao Jinhan et Chen Jingxi, qui avaient passé en 1975 l'examen de la Fédération internationale d'escrime (FIE). Depuis, de nombreux arbitres chinois ont reçu une formation à l'étranger, dont Luo Pingbei en 1988 à Chicago. Luo Pingbei a ensuite étudié et travaillé en France, où il a noué des amitiés durables avec des Français du milieu de l'escrime. »
La province du Jiangsu est parmi celles qui produisent le plus d'escrimeurs, comme Luan Jujie et Wang Haibin. Wang Meng nous a raconté que, un jour où il accompagnait des entraîneurs français dans cette province, ceux-ci s'étaient étonnés de la grande taille des escrimeurs de la région.