SÉBASTIEN ROUSSILLAT, membre de la rédaction
Rencontre avec Feng Ying, directrice du Ballet central de Chine à l'occasion du gala pour les 30 ans de la coopération entre le Ballet central de Chine et l'Opéra de Paris et des 10 ans du festival Croisements.
C'est pendant les répétitions précédant le gala du 11 mai dans le cadre du festival Croisements que nous rencontrons Feng Ying et les danseurs dans le bâtiment principal du Ballet. Les deux danseurs étoiles de l'Opéra de Paris, Fabien Révillion et Valentine Colasante, pour qui ce n'est pas la première fois à Beijing, sont enthousiastes. « On appréhendait un peu, mais les répétitions se sont très bien passées. On avait chacun répété de notre côté et là, on vient de mettre les choses en place. Les conditions sont idéales », nous explique Fabien. « Je danse avec Ma Xiaodong et Fabien dansera avec Zhu Yan. L'ambiance est super sympa et niveau technique, rien à redire », ajoute Valentine Colasante. Ce n'est pas une première, mais une habitude depuis 10 ans déjà qu'un binôme de danseurs français et chinois se produisent chaque année pour le festival Croisements.
Le lundi soir suivant, à l'ouverture du gala, l'ambassadeur de France a remis l'ordre de chevalier des Art et des Lettres à Feng Ying. Il a loué l'ouverture d'esprit et le soutien sans équivoque de la directrice du Ballet central de Chine au festival Croisements. Dans son discours de remerciement, Feng Ying a appuyé sur le fait que cette récompense pour le Ballet central « marque l'esprit novateur de la troupe, sa malléabilité et son excellence. »
Et empruntant une phrase de Feng Ying décrivant ses années en France : « Pour moi, Paris était comme une valse que tous les gens dansaient ». L'ambassadeur a lancé le gala qui a commencé sur La Chauve-Souris de Strauss et continué sur une suite de classiques du ballet français ou créées spécialement pour le Ballet central par des chorégraphes de l'Opéra de Paris. Au programme : des extraits de L'Arlésienne, de Don Quichotte, de Giselle, mais aussi L'Oiseau de Feu de Maurice Béjart ainsi que des pièces originales de Roland Petit, Bertrand D'At et Patrick de Bana créées spécialement pour le Ballet central de Chine.
Les pas de deux sino-français ont rayonné de virtuosité et de souplesse pendant tout le spectacle et ont su s'attirer les hourras du public venu en nombre. L'ambiance était festive et enthousiaste, les applaudissements étaient accompagnés de « bravos » et autres sifflets et les cris d'exclamation à la vue des prouesses techniques des danseurs ne se comptaient plus. Le rappel a duré plusieurs minutes où les danseurs, une centaine, sont tous montés sur scène pour remercier le public avant que le rideau ne tombe et qu'on entende dire « On en voudrait encore ! »
Des entrechats sino-français
Le partenariat entre le Ballet central de Chine et l'Opéra de Paris existe officiellement depuis 1985. Mais il avait commencé quelques années auparavant. « En 1980 déjà, le Ballet central, seul troupe d'envergure internationale de Chine, avait importé la version de l'Opéra de Paris du ballet Sylvia, qui est depuis resté un classique de notre répertoire », nous explique Feng Ying. Celle-ci revient sur les débuts de la coopération. À l'époque, elle était danseuse étoile du Ballet central : « Après la visite du président Giscard D'Estaing en Chine, il y a eu un début de coopération et j'ai moi-même été bénéficiaire de cet échange, puisqu'en 1982, j'ai été envoyée à Paris pour étudier un an à l'École de danse de l'Opéra de Paris. J'ai eu par la suite l'occasion d'interpréter Don Quichotte par Rudolf Nureyev lors de sa venue à Beijing en 1985, de danser avec l'Opéra de Paris en tant qu'artiste invitée et de suivre les cours de Maurice Béjart. ».
Depuis 10 ans, dans le cadre de Croisements, le Ballet central invite des danseurs étoiles de l'Opéra de Paris à venir participer à un gala avec ceux du ballet chinois mais aussi hors Croisements, pour la saison artistique chinoise et des tournées dans tout le pays.
Le Ballet central a également l'occasion de se produire en France, sur invitation de l'Opéra de Paris et d'envoyer des danseurs en France pour approfondir leur connaissance de la danse. C'est entre autres le cas de la danseuse étoile Wang Qimin qui a passé un an à l'Opéra de Paris en 2004 et a ensuite coopéré à plusieurs reprises avec le chorégraphe Roland Petit, lui-même régulièrement venu en Chine pour travailler avec le Ballet central. Plusieurs pièces créées spécialement pour celui-ci par Roland Petit ont d'ailleurs été présentées lors du gala du 11 mai.