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La non-fiction et les mille faces de la Chine (3)

La Chine au présent | 26.02.2016 08h43

À la découverte d'autres histoires peu connues

Pour Peter Hessler, auteur américain de Country Driving, « La littérature non-fictionnelle chinoise a beaucoup d'avenir devant elle. »

Les auteurs de cette littérature viennent de tous les horizons : ils sont réalisateurs, écrivains professionnels, membres d'un groupe de musique, cadres citadins, nongmingong, fonctionnaires dans l'Ouest de la Chine, chômeurs, des étudiants d'origine chinoise nés à l'étranger, ou bien des gens en marge de la société. « On essaie d'éviter les sujets d'actualité et ce qui fait la une des journaux. On recherche plus des histoires qui ont du sens et qui ne sont pas connues du public, ou bien ignorées par les principaux médias. Comme les sujets dont on traite sont des sujets proches des lecteurs, ceux-ci se sentent concernés et trouvent un écho dans ces histoires », nous explique Xie Ding, responsable de la plateforme d'écriture Zhengwu.

C'est lors d'un voyage à Dongguan que Guan Jun, responsable de la plate-forme Renjian a rencontré plusieurs passionnés d'écriture : « J'ai découvert par hasard comme la littérature était importante pour les travailleurs », explique celui-ci. À son retour à Beijing, il a ouvert un atelier d'écriture pour ceux-ci et leur a organisé des stages de rédaction.

L'un des charmes de la littérature non-fictionnelle, c'est qu'elle permet de partager des histoires au départ inconnues de la plupart des gens, et de montrer celles-ci d'un point de vue particulier.

Le 1er novembre 1989, au petit matin, Feng Yuanzheng, comédien, part de l'ancienne Gare de Beijing pour aller étudier en Allemagne. Le train passe par Erenhot, puis entre en Mongolie, traverse l'URSS et arrive le 8 au matin à Berlin. C'était la première fois pour Feng Yuan qu'il quittait son pays. « Je me souviens, pendant la nuit, du mur qui traversait la ville. Du côté Est de Berlin, c'était l'obscurité, une fois passé le mur, c'était la lumière. Il y avait des lampes partout. Je me demandais : "Comment est-ce possible que les pays capitalistes soient si éclairés, quel gaspillage que toute cette électricité utilisée pour les vitrines. » Mais je me disais aussi que c'était joli », voilà ce que raconte écrit Feng Yuan dans son livre J'ai passé le mur.

Chen Xiaoqing, le réalisateur de la série de documentaires La Chine sur le bout de la langue, raconte dans un texte comment il passe presque tous les réveillons du Nouvel An chinois hors de chez lui. Parmi l'une de ses soirées, celle qui l'a le plus marquée est celle où les journalistes japonais de NHK lui avaient préparé des raviolis à la cantine de la chaine, mais aussi l'odeur de saumure que les gens du Sichuan faisaient au réveillon dans les tentes antisismiques dans les zones touchées par le tremblement de terre en 2008. Ou encore, le repas campagnard fait par des nounous à Beijing avant leur retour dans leur village au moment du Nouvel An chinois. « Dans notre vie moderne, nous n'avons plus besoin de nous baser sur les calendriers traditionnels, nous n'avons plus besoin du Nouvel An pour transmettre les traditions, apprendre aux jeunes à planter les champs. Le Nouvel An a perdu de son sens historique. Ce que nous commémorons lors du réveillon aujourd'hui, c'est le souvenir du Nouvel An dans notre mémoire », écrit-il.

En novembre 2014, Zhou Xing, un étudiant chinois en France a eu vent d'un procès dans l'affaire d'une prostituée chinoise assassinée à Paris. Il a alors écrit La mort d'une prostituée chinoise pour parler de ce problème et montrer que ces femmes sont souvent la cible d'attaques violentes mais que les gens qui les attaquent sont aussi des pauvres gens qui habitent dans ces quartiers.

À Paris, Zhou Xing a vu beaucoup de prostituées chinoises, il leur arrivait même parfois de taper la discute. « C'est difficile de savoir si ces prostituées sont vraiment insouciantes ou si elles essaient de cacher la tristesse dans leur cœur ou les deux », conclut-il dans son livre.

Au carrefour entre journalisme et roman, la non-fiction permet aux lecteurs de découvrir des histoires que les grandes maisons d'édition ne publieraient peut-être pas. Son expansion grâce à Internet montre bien la vitalité de l'écriture et la créativité des Chinois qui ont envie qu'on écrive sur des sujets intéressants et reliés à leur vie quotidienne.


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(Rédacteurs :Yin GAO, Guangqi CUI)
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