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Quel avenir pour les petits commerçants africains à Guangzhou dans le cadre de la transformation économique de la Chine ?

Xinhua | 07.04.2017 08h21

Balde Mamaduh, assis seul à la cafétéria Louange, au rez-de-chaussée de Tianxiu Building, commande des spaghettis pour satisfaire sa faim.

Ce Congolais est venu à Guangzhou, capitale de la province chinoise du Guangdong (sud), il y a trois semaines pour exporter des produits vers son pays.

Tianxiu Building se trouve à Xiaobei, dans le centre-ville de Guangzhou, où se réunissent de nombreux Africains depuis les années 1990. Xiaobei, avec les quartiers alentours tels que Sanyuanli, est baptisé "ville chocolat" ou "Petite Afrique".

Xiaobei n'est pas seulement un endroit populaire auprès des commerçants africains. Ce lieu est considéré comme une terre de rêve, de fortune et de prospérité. Depuis les années 1990, et notamment après l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce en 2001, les échanges commerciaux entre la Chine et le continent africain ont connu une forte progression, et les commerçants viennent des quatre coins de l'Afrique à Guangzhou pour tenter leur chance.

Les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique, qui n'étaient que de 10 milliards de dollars en 2000, ont atteint 220 milliards en 2014. La Chine est depuis six années consécutives le premier partenaire commercial de l'Afrique. Des dizaines de milliers de commerçants africains ont contribué à ce développement.

"Bon marché", c'est presque toujours la première impression des clients africains sur les produits chinois. Au cours des vingt dernières années, la fabrication chinoise a gagné en popularité auprès des clients à travers le monde, y compris en Afrique.

Cependant, l'augmentation du coût de la main-d'oeuvre a progressivement réduit la compétitivité des produits chinois. En outre, le gouvernement a durci le ton dans la lutte contre la contrefaçon et a renforcé la protection des droits de propriété intellectuelle.

Pour les petits commerçants africains, les bénéfices se réduisent petit à petit, et ce métier n'est plus aussi rentable qu'il y a dix ans.

Parallèlement, la présence de la Chine en Afrique s'est renforcée, accompagnée par l'arrivée de nombreux commerçants chinois, lesquels ont intensifié la concurrence dans le commerce de produits de première nécessité entre la Chine et l'Afrique.

Pour M. Mamaduh, la présence des commerçants chinois en Afrique constitue une concurrence, mais il déclare avoir ses propres avantages. "Je connais mieux le marché africain", explique-t-il, ajoutant que le grand choix de produits sur le marché à Guangzhou lui permet dans un sens d'éviter la concurrence avec les Chinois.

Avec la réforme structurelle du côté de l'offre menée par le gouvernement chinois et la coopération sino-africaine en termes de capacité de production, la structure des échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique changera de manière importante. Le petit commerce sur lequel s'appuient la plupart des commerçants africains sera affecté. Quel est donc l'avenir de ces petits commerçants africains comme Balde Mamaduh ? Certains ont déjà commencé à s'adapter.

Le Camerounais Kingsley Azieh Che est venu à Guangzhou en 2006, en compagnie de sa femme chinoise, et s'est lancé dans le commerce sino-africain. Bien éduqué et grand connaisseur de la Chine, il a progressivement bâti son empire commercial à Guangzhou.

A l'inverse de la plupart des commerçants africains, Kingsley a une vision de plus haut niveau des relations économiques entre la Chine et l'Afrique et sait comment saisir les opportunités de cette coopération mutuellement bénéfique, voire créer des opportunités pour les autres.

Il est propriétaire d'une usine de costumes à Haifeng, à près de 250 km à l'est de Guangzhou, où il produit une grande quantité de costumes pour les exporter vers le marché africain. En 2008, il a exporté 250.000 costumes et est devenu le "roi des costumes à Guangzhou".

En début d'année, il a créé une société de transports au Cameroun. Avec des bus de luxe importés de Chine, il souhaite changer l'impression des Camerounais sur les produits chinois, selon laquelle les produits fabriqués en Chine sont bon marché, mais de mauvaise qualité.

Ces bus lumineux et confortables sont équipés de toilettes, et les passagers se font servir des repas durant le voyage. Ils offrent un mode de transport jamais vu dans ce pays d'Afrique centrale.

Dans le cadre de l'initiative "la Ceinture et la Route" proposée par le président Xi Jinping, Kingsley estime qu'il y aura une grande opportunité pour la coopération dans le secteur des infrastructures et espère y participer.

Motivés par l'accumulation rapide de la fortune des pionniers, beaucoup d'Africains sans expérience dans le secteur du commerce international sont venus en Chine. Cependant, le succès n'est pas toujours au rendez-vous, et ils subissent parfois de la frustration et des échecs.

Le photographe chinois Li Dong suit la communauté africaine à Guangzhou depuis des années. Son voisin, Molley, un Soudanais, est venu à Guangzhou pour la première fois dans l'espoir d'exporter des dynamos vers son pays. Cependant, en deux mois, son commerce n'a pas progressé. Il a dû quitter le pays avant l'expiration de son visa.

Dans la rue Baohanzhijie, surnommée "rue des Africains", Li dong capture avec son appareil photo la fatigue et la frustration sur de nombreux visages.

Selon les chiffres officiels, le nombre d'Africains à Guangzhou est en baisse. Fin 2016, ils étaient 11.000 à résider dans la ville, sans compter ceux munis d'un visa de courte durée. L'année dernière, les douanes de Guangzhou ont enregistré 286.000 entrées effectuées par des Africains et 290.000 sorties.

Cette baisse est en partie due au renforcement des politiques de visa, mais l'impact de la transformation économique de la Chine affecte sûrement le flux de ces "commerçants migrants".

Les petits commerçants africains ont témoigné du développement et de la prospérité du commerce sino-africains. Ils doivent s'adapter à la nouvelle situation et s'impliquer davantage dans le cadre de la coopération sino-africaine. Leur avenir consiste en un commerce de meilleure qualité.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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