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Première mondiale : des chirurgiens français recréent des trachées à partir d'aortes cardiaques

le Quotidien du Peuple en ligne | 22.05.2018 08h36

Là où d'autres ont échoué, parfois spectaculairement, le chirurgien français Emmanuel Martinod a réussi à aider des personnes dont les trachées ont été détruites par le cancer et d'autres maladies à vivre et à respirer normalement.

Au moins l'un de ses patients, qui a reçu une nouvelle trachée, a même repris la course à pied. Depuis 2009, le professeur Martinod et son équipe de l'hôpital Avicenne, près de Paris, ont réalisé plus d'une douzaine de greffes de trachée en utilisant des aortes de donneurs renforcées avec des « échafaudages » internes sur mesure, appelés stents.

Saluée par un chirurgien américain de la gorge comme une « avancée majeure », la technique de reconstruction a été détaillée le 20 mai dans le Journal de l'American Medical Association (JAMA), et présentée lors d'un congrès médical à San Diego, en Californie. Les efforts antérieurs pour reconstruire la trachée et les voies respiratoires à partir de zéro s'étaient concentrés sur l'utilisation de tubes artificiels ensemencés avec les propres cellules souches du patient. Cette approche a été rendue célèbre par le chirurgien italien Paolo Macchiarini, de sinistre réputation, qui a effectué des greffes de trachées synthétiques sur 8 patients de 2011 à 2014. 7 sont décédés de complications, et on ignore où se trouve le huitième. Il a été révélé plus tard que Macchiarini avait falsifié les résultats dans des études publiées.

Le professeur Martinod a eu l'idée d'utiliser des aortes -la plus grosse artère du corps- provenant de donneurs décédés pour remplacer les sections endommagées de la trachée, le tube de cartilage d'environ 10 cm reliant le larynx aux bronches des poumons. Les parois épaisses des aortes sont conçues pour résister à toute une vie de pression, canalisant le sang pompé par le cœur. Elles peuvent être congelées à moins 80 degrés Celsius et stockées, assurant un approvisionnement suffisant et avec un autre énorme avantage : la congélation a supprimé le besoin d'un régime de médicaments à vie pour empêcher le système immunitaire de rejeter un organe ou une partie du corps transplanté.

Les suivis sur les premiers patients à recevoir de nouvelles trachées ont apporté encore plus de bonnes nouvelles, avec la régénération de leur membrane et la formation d'un nouveau cartilage. « C'était la surprise ultime -l'aorte se transformant en une trachée », a déclaré le professeur Martinod. « Ce n'est pas de la magie, mais personne ne croyait vraiment que cela pouvait arriver de cette façon ». Dans l'étude, le médecin et ses collègues ont décrit les résultats pour 13 patients transplantés : cinq trachées, sept bronches et une carène, là où se divise la trachée. Le patient de la greffe de carène est décédé quelque temps après l'opération, mais les 12 autres ont survécu au moins 90 jours, et 10 d'entre eux étaient en vie après près de quatre ans, et 8 respirent aujourd'hui normalement. Tous les stents ont été retirés, en moyenne 18 mois après la greffe.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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