Dernière mise à jour à 09h02 le 22/01
Depuis l'engagement de la communauté internationale dans le nord du Mali contre les groupes terroristes, ces derniers soumis à une forte pression ont opté pour la dispersion, avant de se lancer dans une nouvelle stratégie consistant à contourner les forces internationales et à frapper plus au sud.
Ces frappes ont particulièrement visé des hôtels de luxe, tels que le Radisson Blu à Bamako et le Splendid Hôtel à Ouagadougou, fréquentés par des occidentaux. Elles ont été précédées par celles perpétrées en Tunisie contre un hôtel de Sousse et un musée de Tunis.
D'ailleurs, l'émir pour l'AQMI de la zone du "Grand Sahara" s'est félicité de l'existence de brigades constituées de combattants noirs au sein de cette organisation djihadiste capables d'agir sans être repérables dans le sud du Mali.
Yahya Abou El Houmam évoquait, dans une interview accordée au site mauritanien Al Akhbar, l'attaque de l'hôtel Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre, qui a fait 22 morts dont trois ressortissants chinois, et qui a été revendiquée par l'Al-Mourabitoune et l'AQMI.
"Nous disposons de katibas (brigades) constituées à partir de combattants originaires de cette région disponibles pour toute attaque sans que nous fassions recours à l'envoi de nos autres frères (arabes) facilement repérables dans cette zone", avait affirmé le chef terroriste.
Ces attaques, où qu'elles se situent, restent orientées contre des cibles potentiellement marquées par la présence d'Occidentaux, ou tout simplement de paisibles touristes.
La nature de ces attaques exécutées par des commandos à effectif très réduit ou des loups solitaires souvent très jeunes, montre que le terrorisme a été capable d'aligner dans les rangs une jeunesse fanatisée à l'extrême et convaincue du bien fait de la mort "sur le chemin du jihad" ou guerre sainte.
C'est là l'effet d'une propagande aux méthodes sophistiquées dont le terreau est l'internet à travers les réseaux sociaux. Un champ laissé libre où des fanatiques de tous les pays continuent à distiller leur idéologie et leur culture de kamikazes.
Cette propagande vendant un Islam violent incriminant la société moderne pourra être efficacement contrecarrée par la propagation d'un islam pacifique dont se réclame les peuples musulmans aujourd'hui.
Cette contre-mesure serait d'autant plus efficace si elle est consolidée par le respect du principe du droit des peuples de disposer d'eux-mêmes.
Toute ingérence ou présence de troupes étrangères en terre musulmane ne ferait que jeter de l'huile sur le feu en suscitant chez les peuples l'esprit de vengeance.
Cette tendance à la haine devient de plus en plus forte si ces peuples identifient les forces occidentales à un "envahisseur chrétien" venu spolier les biens de cette terre d'Islam.
Cette propagande opportuniste exploite tous les maux dont souffrent la jeunesse des pays africains, notamment le désarroi né du chômage, la déperdition culturelle et la perte de repères, la criminalité, le trafic de la drogue et l'absence de politiques sociales capables de prendre en charge les besoins des jeunes.
Face à ces attaques, les pays d'Afrique de l'Ouest ont pris du retard pour répondre à cette menace asymétrique d'un genre particulier. Les services de renseignements des différents pays n'ont pas encore atteint un niveau d'échanges permettant de prévenir le pire.
Mais il semble qu'au cours des dernières années, avec l'appui d'autres pays, comme la France, ces pays ont franchi une étape importante de la mobilisation contre le danger terroriste, notamment à travers la mise en place de forces spéciales et d'états-majors tactiques de coordination et d'emploi.
En effet, d'aucuns constatent aujourd'hui, la tendance à l'internationalisation du terrorisme, notamment depuis la création de l'Etat Islamique (Daech), entité aux méthodes plus violente que l'Al-Qaïda et à laquelle nombre de factions terroristes ont prêté allégeance.
Depuis le nord du Mali, en passant par la Libye, la Tunisie et le Nigeria, jusqu'au Moyen-Orient, l'Etat islamique (EI) ne cesse de gagner du terrain et de réunir autour de lui des organisations extrémistes comme Boko Haram.
Une situation inquiétante qui n'a jusqu'ici pas encore suscité une vraie mobilisation de la communauté internationale.