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Burundi : l'UA opte pour l'envoi d'une mission politique en vue du déploiement d'une force de paix

Xinhua | 01.02.2016 08h43

Une mission de haut niveau sera envoyée à Bujumbura pour des entretiens avec les autorités burundaises afin d'obtenir le déploiement d'une force de paix visant à mettre un terme aux violences qui secouent le pays, ont décidé les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) réunis en sommet dimanche à Addis-Abeba, en Ethiopie.

La crise burundaise a constitué avec le Soudan du Sud et la lutte antiterrorisme l'un des principaux sujets de discussions d'une session du Conseil de paix et de sécurité (CPS) tenue vendredi soir avec la participation de plus d'une quinzaine de dirigeants africains, sous la houlette de l'Equato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, vendredi soir, la veille de l'ouverture du 26e sommet de l'UA.

Ces assises ont achoppé sur des divergences manifestées entre les pays membres de l'organisation panafricaine sur la mise en place de la force de prévention et de protection d'un effectif de 5.000 hommes décidée par une résolution de l'UA en 2015, dans le but de mettre un terme à la crise sociopolitique qui oppose le pouvoir de Pierre Nkurunziza et ses adversaires.

Alors que certains pays comme le Nigeria demandent le déploiement rapide de cette force, d'autres comme l'Angola et l'Afrique du Sud s'y opposent, arguant d'une mauvaise interprétation de la situation politique interne au Burundi, dont ils attribuent la dégradation au Rwanda, accusé par eux de manœuvres déstabilisatrices à l'égard de son voisin.

Les discussions poursuivies samedi n'ont pas non plus pu aboutir à un consensus.

A quelques heures de la clôture des travaux de leur 26e sommet ordinaire, les chefs d'Etat et de gouvernement africains se sont finalement prononcés pour l'envoi d'une mission politique de haut niveau à Bujumbura avec pour objectif de créer un climat de confiance en vue du déploiement de la force de paix, a appris Xinhua d'une source ayant pris part à ces discussions à huis clos.

Depuis 2015, le Burundi est plongé dans la violence suite à la candidature controversée suivie de sa réélection du président Nkurunziza pour un troisième mandat consécutif, rejeté par ses adversaires qui l'accusent de violation des dispositions constitutionnelles imposant la limite de deux mandats présidentiels.

A leur tour, le pouvoir burundais et ses partisans se défendent d'être dans la légalité encadrée par une révision constitutionnelle rendant caduques les dispositions de l'ancienne loi fondamentale adoptée suite aux accords de paix conclus en 2003 à Arusha (Tanzanie), texte sur lequel s'appuient leurs pourfendeurs.

Ces autorités avaient annoncé qu'elles refusaient le déploiement de la force africaine, menaçant qu'elles l'assimileraient à une force d'agression contre leur pays.

Dans la capitale éthiopienne, un groupe de femmes membres du Mouvement des femmes pour la paix et la sécurité au Burundi a manifesté sa présence pour mener un plaidoyer auprès des leaders africains, leur demandant de rompre avec leurs atermoiements afin d'aider à trouver une solution durable à la crise de leur pays, à l'origine selon elles de violation des droits de l'homme.

"C'est trop, ce qui se passe dans notre pays. C'est une catastrophe. On assiste à des tueries, des enlèvements, des tortures, des exécutions extrajudiciaires, des viols et violences basés sur le genre", a rapporté dans un entretien à Xinhua, Marie Louise Baricako, la présidente de cette organisation associée au dialogue interburundais initié en décembre avec le soutien de l'Union africaine.

Lors de la réunion chefs d'Etat et de gouvernement du Conseil de paix et de sécurité tenue vendredi soir, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, présent au sommet, a affirmé que le Burundi se trouvait "au bord du précipice" et a exhorté l'UA à se mobiliser pour faire cesser ces violences et les violations des droits de l'homme rapportées.

Il a surtout insisté sur l'accélération du dialogue politique national qui n'a pas respecté l'échéance du second tour prévue le 6 janvier, après son lancement le 28 décembre à Kampala (Ouganda).

"La situation au Burundi demeure précaire, elle nécessite toute notre attention. Nous ne devons pas abandonner le peuple burundais" dans sa souffrance, a aussi lancé la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma.

Le pouvoir de Bujumbura est représenté à ce sommet par son deuxième vice-président chargé des affaires économiques, Joseph Butoré, qui multiplie les rencontres bilatérales avec les délégations y participant, comme celle annoncée dimanche avec le chef de l'Etat tchadien Idriss Deby Itno, nouveau président en exercice de l'Union africaine.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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