Dernière mise à jour à 08h34 le 14/02
Le ministre sud-africain de l'Intérieur, Malusi Gigaba, a appelé lundi à la paix à Rosettenville, faubourg au sud de Johannesburg où des habitants locaux ont mis le feu aux domiciles d'étrangers.
Le ministre a tenu ces propos en s'adressant à des responsables de sécurité et de communautés au commissariat de Yeovile à Johannesburg.
Il y a une semaine, des Sud-Africains ont commencé à mettre le feu à des résidences appartenant à des Nigérians, les accusant de se livrer à la prostitution et au trafic de drogue dans la zone. Le week-end dernier, les habitants locaux se sont à nouveau réunis et ils ont brûlé 12 maisons appartenant à des étrangers, pour la plupart des Nigérians. Un night-club a également été incendié.
Des responsables du gouvernement se sont rendus sur place lundi pour apaiser les tensions entre Sud-Africains et étrangers.
M. Gigaba a appelé les dirigeants communautaires à ne pas appeler à la haine et à la violence contre les étrangers. "Les dirigeants ont la responsabilité d'être mesurés en toutes circonstances dans leurs déclarations publiques, il y aurait des pertes en vies humaines, des destructions de biens appartenant à des individus qui ont investi énormément dans le développement et la préservation de ces biens", a-t-il dit.
Il a mis en garde que les forces de l'ordre joueraient leur rôle si des Sud-Africains enfreignent la loi en intimidant, en menaçant ou en agressant des étrangers.
Rosettenville a été identifiée comme un foyer de problèmes en matière de xénophobie, a déclaré M. Gibaba. Le gouvernement déploiera des programmes de dialogue pour parler aux Sud-Africains et aux étrangers et ramener la paix dans la zone, a-t-il dit.
"L'Afrique du Sud est particulièrement attractive pour les immigrants, réguliers ou clandestins", a-t-il ajouté.
Le maire de Johannesburg, Herman Mashaba, a organisé des descentes de police dans les maisons de certains étrangers à Rosettenville pour rechercher d'éventuelles activités de trafic de drogue et de prostitution.
Le maire, appartenant à l'Alliance démocratique (parti d'opposition), est accusé par de nombreux détracteurs d'avoir incité aux attaques xénophobes dans la ville. Il affirme que les étrangers en situation irrégulière sont ceux qui commettent des crimes et qu'ils doivent partir.
Une organisation étudiante, le Congrès des étudiants d'Afrique du Sud (SASCO), a accusé le maire d'incitation à la violence ce lundi.
Ownabile Lubhelwana, dirigeant régional du SASCO, a affirmé que ses membres "condamnent largement M. Mashaba pour ses propos xénophobes adressés aux habitants de Rosettenville à Johannesburg".
"Les propos du maire ont encouragé les violences et provoqué l'incinération d'une douzaine de maisons et mis en danger la vie de nos camarades étudiants. Johannesburg est une cité cosmopolite réunissant des jeunes universitaires de tout le continent", a-t-il dit.
Les étudiants dénoncent la poste xénophobe de M. Mashaba et encouragent les personnes en position de responsabilité à parler de manière responsable pour éviter d'inciter à la haine.
"Au lieu de régler les problèmes, le maire s'active à inciter à la violence contre nos camarades étudiants de différents pays africains", a déclaré M. Lubhelwana.
Il y a deux semaines, quatre maisons appartenant à des Nigérians avaient été incendiées dans la même région. La police locale a dit avoir arrêté neuf suspects à Rosettenville dimanche.