Dernière mise à jour à 10h01 le 20/04
La majorité au pouvoir en Mauritanie semble plus que jamais déterminée à faire voter les amendements constitutionnels rejetés par le Sénat. Elle tente désormais de convaincre la population à la faveur d'un référendum dont l'organisation a été annoncée le 23 mars dernier par le président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Si la date de ce référendum présenté comme solution de sortie de crise n'a pas encore été fixée, l'Union pour la République (UPR, au pouvoir) a lancé ses militants à l'assaut des provinces pour expliquer le bien fondé des amendements envisagés.
Les observateurs notent que le chef de l'Etat semble particulièrement attaché à les faire adopter, ce qui serait déterminant pour l'après-2019, année de l'expiration de son second et dernier mandat.
La crise politique engendrée par le rejet des amendements constitutionnels par un Sénat pourtant dominé par l'UPR vient s'ajouter à l'absence de tout dialogue entre le pouvoir et une opposition fortement mobilisée au sein du Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU).
Pour débloquer la situation, M. Ould Abdel Aziz a donc décidé de "demander l'arbitrage du peuple" sur ce projet de révision constitutionnelle qui prévoit, entre autres, la suppression du Sénat et la mise en place de conseils régionaux au niveau des provinces.
Le gouvernement a déjà approuvé deux projets de lois relatifs au référendum prochain, lesquels seront soumis au Parlement.
Dans la rue, les Mauritaniens restent largement divisés quant à l'enjeu réel auquel devraient répondre les amendements prévus. Pendant que certains pensent qu'il s'agit d'un "changement positif" venant concrétiser la volonté du chef de l'Etat d'aller vers l'avant par des réformes multi-sectorielles, d'autres estiment qu'il s'agit d'une nouvelle manière de "divertir le peuple" face à la crise multiforme que connaît le pays depuis plus de trois ans.
Au sein de regroupements sociaux, ethniques et tribaux, de nombreuses initiatives ont été lancées pour soutenir le "oui". Des membres du gouvernement ont également animé des rassemblements pour soutenir les amendements et expliquer à la population "l'utilité des changements" proposés.
Du côté du FNDU, on dénonce un "entêtement" du chef de l'Etat à faire voter ces réformes constitutionnelles, appelant à mettre en échec le projet.