Dernière mise à jour à 08h44 le 13/10
L'impasse politique au Kenya entre dans une phase décisive, l'opposition et le parti au pouvoir se préparant à une longue bataille avant les nouvelles élections du 26 octobre.
Le leader de l'opposition, Raila Odinga, s'est retiré de la course mardi, invoquant l'absence de changements au niveau de l'organisme électoral et les amendements forcés imposés par le Parti Jubilee, dont le passage devant le parlement est presque achevé. Le président Uhuru Kenyatta a fait savoir qu'il les transformerait immédiatement en loi.
M. Odinga a demandé à la commission électorale d'annuler les élections du 26 octobre et d'en organiser d'autres dans 90 jours. Mais M. Kenyatta a assuré que les élections seraient organisées comme prévu, que M. Odinga y participe ou pas.
Cette position a été réaffirmée mercredi suite à l'annonce par la commission électorale du déroulement des élections à la date prévue. Les noms de M. Odinga ainsi que des autres candidats des élections du 8 août seront inscrits sur les bulletins.
Malgré cela, la NASA de M. Odinga a souligné qu'il n'y aurait pas d'élection le 26 octobre.
"Les élections du 26 octobres sont mortes quand M. Odinga s'est retiré mardi. Vous ne pouvez pas les faire renaître. Les élections n'auront lieu le 26 octobre que lorsqu'il y aura des réformes de la commission électorale", a insisté Gladys Wanga, députée de la NASA.
Mercredi, les dirigeants de l'opposition ont appelé à des manifestations quotidiennes à partir de la semaine prochaine contre la commission électorale et pour demander le renvoi des officiels qui ont truqué les élections du 8 août.
Mais le gouvernement a interdit jeudi les manifestations à Nairobi, Mombasa et Kisumu, le ministre de l'Intérieur ayant informé que des actions légales seraient menées contre la NASA pour destruction de propriétés si l'opposition ne respectait pas cette mesure.
Le sénateur James Orengo, principal conseiller de M. Odinga devant la Cour Suprême, a déclaré jeudi aux partisans de l'opposition que la lutte pour des élections libres et justes venaient à peine de commencer et que Jubilee devrait se tenir prêt pour de féroces combats.
Aaron Cheruiyot, sénateur du parti Jubilee, a quant à lui souligné que son parti ne reculera pas et continuera d'amender les lois électorales malgré les protestations de l'opposition.
Une modification majeure que la loi recommande est l'investiture de M. Kenyatta si son rival se retire des élections, ce que la NASA a décrit comme la quête de Jubilee pour rester au pouvoir à tous prix.
D'après les analystes, la semaine prochaine sera un moment crucial de l'histoire du pays est-africain.
"Nous nous attendons à ce que M. Kenyatta signe en loi les lois électorales, provoquant ainsi la colère de l'opposition, qui intensifiera les manifestations, ignorant l'interdiction décidée par le gouvernement. Cela signifie que les manifestants se heurteront aux forces de l'ordre. Bien que personne n'espère de scènes sanglantes, cela pourrait être un moment sombre pour le Kenya à une semaine du scrutin", a expliqué Bernard Mwaso, consultant pour Edell IT Solutions, ajoutant que MM. Kenyatta et Odinga devraient ouvrir un dialogue pour mettre fin à l'impasse.