Dernière mise à jour à 15h01 le 28/10
La justice burkinabè a annoncé vendredi qu'elle est entrée en contact avec les autorités canadiennes afin d'engager une poursuite judiciaire contre l'ancien Premier ministre de la transition, le général Yacouba Isaac Zida, retranché au Canada et dont le nom est cité dans les violentes répressions de l'insurrection populaire contre Blaise Compaoré.
"Une demande d'entraide judiciaire pénale à l'endroit des autorités judiciaires canadiennes à l'effet d'entendre le général ZIDA Yacouba Isaac sur certains points a été formulée par les juges d'instruction qui ont aussi souhaité que ces autorités leur permettent de se rendre au Canada afin de procéder eux-mêmes aux auditions demandées", souligne un communiqué du procureur Maïza Sérémé.
Le texte ajoute que "pour ce faire, des moyens conséquents devraient être mis à la disposition de ces magistrats instructeurs en cas de réponse favorable des autorités canadiennes".
Le général Zida, alors capitaine et commandant en second de l'ancienne garde de Blaise Compaoré, avait pris brièvement le pouvoir dans la confusion après la chute du régime Compaoré en fin octobre 2014.
Quelques semaines de grogne vont le contraindre à céder et à basculer le pays sous une transition politique avec à sa tête Michel Kafando, un civil, et M. Zida comme Premier ministre.
La transition a réussi à organiser les élections jugées transparentes, mais la gestion de ses dirigeants a été jugée chaotique. Le nom du Premier ministre est cité dans plusieurs affaires de détournement de deniers publics.
Depuis la fin de la transition, M. Zida s'est réfugié au Canada et décline les sollicitations de la justice de son pays pour rendre compte. Il a même été radié de l'effectif de l'armée nationale.
Depuis ce jeudi, le Burkina Faso a débuté la commémoration du 3ème anniversaire de l'insurrection populaire qui a abouti à la chute de l'ex-président Blaise Compaoré.
Les 30 et 31 octobre 2014, des milliers de Burkinabè se sont opposés au régime de Blaise Compaoré qui cherchait à modifier la Constitution pour briguer un nouveau mandat.
Une trentaine de personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées. Des édifices publiques et privés ont été incendiés et saccagées par les manifestants.
La contestation avait fini par contraindre M. Compaoré à démissionner et à se réfugier en Côte d'Ivoire.
Le procureur a expliqué dans son communiqué que ses services ont auditionné 40 témoins et 10 parties civiles, interrogé au fond 17 inculpés et effectué 10 interrogatoires de confrontation entre les inculpés et certains témoins dans cette affaire.