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Rire jaune... (3)

La Chine au présent | 16.11.2015 16h34
Rire jaune...
Le xiangsheng est un art comique typiquement chinois.

Entre blagues et spectacles

En Chine, il existe les « blagues froides », que je traduirais assez librement « blagues vaseuses » entre l'ironie et l'absurde. Chez un public occidental, elles provoquent parfois un petit rictus, rarement un éclat de rire, souvent un regard d'incompréhension... En voici un exemple : À la tombée de la nuit, une femme perdue passe devant un hôpital psychiatrique. Un homme commence à lui emboîter le pas. Elle accélère, se met à courir même, mais l'étranger bizarre continue de la poursuivre. Tout à coup, elle se retrouve bloquée, dans un cul-de-sac. Terrorisée, la femme s'aplatit au sol et gémit : « Faites ce que vous voulez de moi, mais je vous en prie, ne me tuez pas ! » L'homme répond alors calmement : « Est-ce que vous pouvez me suivre ? »

Les histoires drôles ne le sont pas toujours... D'ailleurs, une blague peut être un moyen de faire passer des messages qui seraient difficile à transmettre sur un ton sérieux. Un article rapporte une négociation avec un patron chinois. Celui-ci affirme soudainement : « J'aime beaucoup les situations gagnant-gagnant. Je gagne une fois, puis je regagne encore. Ahah ! » À ce moment-là, l'interlocuteur peut rire jaune...

Outre les blagues, on peut se détendre en écoutant du xiansheng (dialogue comique) en Chine. Une longue analyse du New York Times revient sur l'évolution de cet art. Le xiangsheng se serait popularisé à la fin de la dynastie des Qing, après le règne de l'empereur Xianfeng (1851-1861), notamment grâce à Zhu Shaowen, ou Qiong Bupa (« pauvre et sans peur ») de son nom de scène. Il s'est peu à peu normalisé : deux hommes se donnent la réplique sur scène, de manière rythmée et en usant de mimiques. La représentation mêle ainsi comiques de paroles, de gestes et de situation ainsi que performances artistiques similaires à l'opéra chinois. Un cocktail détonant !

Comme Mao Zedong lui-même en était un grand amateur, le xiangsheng connut son âge d'or à la fondation de la Chine nouvelle en 1949. Cette forme d'art populaire constituait en plus un excellent moyen de transmettre l'idéologie révolutionnaire de l'époque aux masses et d'uniformiser la langue officielle du pays. Aujourd'hui, la majorité des scénarios ont été malheureusement perdus. Toutefois, cette forme d'humour jouit d'une seconde vie grâce aux moyens de diffusion modernes et reste très appréciée dans tout pays.


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(Rédacteurs :Yin GAO, Wei SHAN)
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