...gêné par divers obstacles
D'apparence, les MSO semblent une belle initiative porteuse de plusieurs promesses : le renfort de la coopération sino-française, une nouvelle source de revenus pour le secteur agroalimentaire français, ainsi que la diffusion des traditions françaises vers le continent asiatique...
Mais il ne faut pas crier victoire trop vite... Des difficultés persistent, à commencer par les règles à l'export. Magali Bladier affirme que de nombreuses restrictions ont été mises en place par les autorités chinoises : « 90 % des produits du Sud-Ouest ne sont pas exportables à vrai dire, comme le piment d'Espelette par exemple. À notre niveau, nous ne pouvons pas négocier. L'ambassade fait un peu de lobbying pour débloquer la situation, mais tout se joue plus haut. » Les autorisations délivrées récemment aux trois entreprises françaises de charcuterie représentent déjà une percée, peut-être le signe aussi que la Chine est disposée à rééquilibrer sa balance commerciale avec la France, et plus largement l'Europe. Mais il est encore trop tôt pour dire si d'autres démarches en ce sens suivront.
Toutefois, soulignons que la consommation de viande en Chine est en augmentation constante, notamment celle de porc (elle a quadruplé selon le US Agriculture Department). Dans ce secteur, il existe une grande variété de produits français de haute qualité, et donc, des opportunités en attente. À noter tout de même que l'Italie et l'Espagne importent déjà depuis plusieurs années en Chine leurs respectifs jambon de Parme et saucisson, des voisins qui risquent de faire un peu d'ombre à l'Hexagone dans le domaine de la charcuterie.
Dans ce contexte, la grande majorité de l'offre des MSO concerne les vins, dont la région bordelaise recèle. Mais tout de même, il est dommage que les consommateurs chinois passent à côté de tout ce que le Sud-Ouest français a à lui offrir : foie gras, armagnac, jambon de Bayonne pruneaux d'Agen, noix du Périgord, volailles fermières des Landes, bœuf gascon, tomme des Pyrénées, roquefort, melon du Quercy, cassoulet, confit de canard et j'en passe…
Mais ces délices font-ils véritablement envie aux Chinois ? « Hormis les vins et le foie gras, ces produits du terroir sont très peu connus en Chine, puisqu'ils ne sont pas exportés », rappelle Magali Bladier. Bien que généralement curieux des « nouveautés » venant de l'étranger, il ne faut pas oublier que les Chinois n'ont pas reçu la même formation au goût que les Français. Ainsi, le fromage est-il difficile à digérer pour la plupart... « Lors de la Foire de l'Ouest à Chengdu en octobre dernier, nous avions un stand de promotion sur lequel nous proposions une dégustation de roquefort et du fromage de brebis Ossau-Iraty. Beaucoup de personnes ont fait un peu la grimace en goûtant, puis ont recraché les produits », avoue-t-elle. D'ailleurs, un article de l'AFP ironisait, constatant qu'il serait difficile de vendre du pâté et du fromage dans un pays où l'on mange très peu de pain...
En conclusion, les retombées économiques ne sont pas pour tout de suite... Certains prédisent un bel avenir à la filière porcine et à l'épicerie sucrée françaises en Chine, mais il faudra d'abord que les Chinois aient l'occasion de goûter les produits, de trouver avec quoi les marier et d'y habituer leur palais. Patience, donc...