Dernière mise à jour à 09h48 le 27/01
Le mur que le président américain Donald Trump entend ériger le long de la frontière de 3.200km entre le Mexique et les Etats-Unis va perturber les échanges commerciaux et déstabiliser les pays d'Amérique latine, selon un observateur politique brésilien.
''Cette annonce de la construction du mur, comme toutes les mesures annoncées au cours de ses cinq premiers jours de mandat, confirme une fois de plus que M. Trump pense réellement les paroles extrêmes, dures et agressives qu'il a prononcées'', estime Mauricio Santoro, professeur en relations internationales à l'Université d'Etat de Rio de Janeiro, dans une interview à Xinhua.
M. Trump envisage de tenir ses promesses de campagne les plus radicales, bien qu'elles auront un impact très négatif sur le commerce et la stabilité politique dans tout le continent, pense-t-il.
Donald Trump a signé mercredi un décret présidentiel visant "à ériger une grande barrière physique le long de la frontière méridionale'' des Etats-Unis afin de tenir à l'écart les clandestins et les trafiquants de drogue, selon la Maison Blanche. Le texte prévoit également l'agrandissement des centres de rétention administrative.
Cette décision adresse ''un message clair'' à tous les pays d'Amérique latine et à l'importante communauté latino aux Etats-Unis, qui représente environ 20% de la population du pays. Ce message signifie qu'ils "vont être traités de façon très brutale et agressive", s'inquiète l'expert.
M. Santoro estime que les Etats-Unis vont commencer à ''refouler'' tous les sans-papiers, sans parler du non renouvellement des permis de séjour et de la limitation des visas de travail pour les autres.
Traditionnellement, la plupart des immigrés latinos qui résident aux Etats-Unis viennent du Mexique et d'Amérique centrale, où le chômage est élevé et l'économie souterraine importante. Aussi, aller travailler illégalement à l'étranger est commun.
L'émigration brésilienne vers les Etats-Unis est assez faible, même si elle a augmenté ces dix dernières années, selon l'Institut des politiques migratoires (MPI), un think tank américain qui estime que plus de 330.000 immigrés brésiliens y vivaient en 2014. Or, ils "ne sont pas tous autorisés à y séjourner", note M. Santoro, en ajoutant qu'il y a une "possibilité réelle" que cette politique répressive se traduise par "une vague massive d'expulsions".
Ces expulsions ''affecteraient directement" des communautés dans des Etats tels que le Minas Gerais ou le Goias, qui dépendent de l'argent envoyé par les Brésiliens travaillant aux Etats-Unis, selon lui. Il en est de même au Mexique et en Amérique centrale, où l'argent des émigrés constitue une source majeure de revenus étrangers, souligne l'expert.
Si les expulsions augmentent de façon significative, le gouvernement brésilien devra prendre les mesures qui s'imposent, pense M.Santoro.
"Le Congrès pourrait ainsi commencer à faire pression sur Itamaraty (le ministère des Affaires étrangères, NDLR) et le gouvernement prendra ensuite position contre les Etats-Unis", selon lui.
"Il sera impossible d'adopter une position prudente ou cordiale, car ces attaques de Trump contre un continent tout entier, dont le Brésil fait partie, sont racistes. Nous sommes tous dans le même bateau : les Mexicains, les Caribéens et les Brésiliens", a-t-il souligné.