Dernière mise à jour à 09h48 le 27/01
De récentes révélations du Canard enchaîné font polémique en France. Selon l'hebdomadaire satirique, Penelope Fillon aurait reçu des centaines de milliers d'euros en tant qu'assistante parlementaire de son époux François Fillon, alors même que son nom ne figure pas sur la liste des assistants parlementaires de l'Assemblée nationale.
Dans son dernier numéro paru mercredi, Le Canard enchaîné affirme que l'épouse de François Fillon, candidat de la droite à la présidentielle de 2017, a été rémunérée par l'Assemblée nationale à hauteur de 500.000 euros brut, en tant qu'attachée parlementaire de son mari, député entre 1998 et 2002. Puis auprès du successeur de ce dernier jusqu'en 2007.
Selon le règlement de l'Assemblée nationale, les parlementaires peuvent bien embaucher leurs proches, mais à condition que cela ne soit pas un emploi fictif. Or, le journal indique que le nom de Penelope Fillon ne figure nulle part sur la liste des assistants parlementaires de l'Assemblée nationale.
Le Canard enchaîné révèle également que Mme Fillon a été rémunérée en tant que conseillère littéraire, à partir de mai 2012, à hauteur de 100.000 euros par mois pendant plus d'un an, par la Revue des deux mondes, qui appartient à un proche de François Fillon, alors qu'elle n'est pas connue de la rédaction.
Ces révélations, qui laissent planer le soupçon sur un probable emploi fictif, font réagir la classe politique française. Si à droite on parle d'accusation gratuite, les opposants de gauche invitent le candidat des Républicains à apporter la preuve du travail de son épouse.
Il n'y a rien à cacher dans cette affaire, estime le député de droite, Daniel Fasquelle. "François Fillon l'a dit, son épouse a effectivement travaillé avec lui, à l'heure de la transparence, il n'y a pas de raison de craindre quoi que ce soit dès lors qu'il s'agit de répondre à des questions."
Pour le député socialiste Razzy Amadi, M. Fillon doit rendre publique la preuve du travail de son épouse en tant qu'assistante parlementaire s'il veut couper court à la polémique.
L'eurodéputé écologiste Yannick Jadot estime qu'on est dans une perspective d'emploi fictif et trouve "choquant de considérer que Mme Fillon a pu bénéficier de l'argent du contribuable sans rendre un travail effectif".
Interrogé sur le sujet lors du débat de l'entre-deux-tours, Manuel Valls invite M. Fillon à s'expliquer. Car dit-il, "quand on se dit candidat de la vertu et de la transparence on doit donner des explications". De son côté, Benoît Hamon demande l'interdiction d'employer un enfant ou un conjoint.
Mais François Fillon refuse tout commentaire : "Je vois que la séquence des boules puantes est ouverte, mais je ne fais pas de commentaire parce qu'il n'y a rien à commenter", a-t-il indiqué à la presse tout en se disant scandalisé par "le mépris et la misogynie" de l'article du Canard enchaîné.
Le parquet national financier a ouvert une enquête pour des chefs d'accusation de détournement de fonds publics, d'abus de biens sociaux et de recel de ces délits.
Le candidat des Républicains a indiqué mercredi soir dans un communiqué sa volonté d'être reçu au parquet national financier dans les plus brefs délais, pour rétablir la vérité. "Je ne peux m'étonner que des faits aussi anciens et légaux fassent l'objet d'une telle campagne à trois mois du premier tour de l'élection présidentielle", lit-on dans le document.