Dernière mise à jour à 09h48 le 27/01
(Xinhua/AFP/BRENDAN SMIALOWSKI) |
L'ancien président américain Barack Obama, dont le père était Kényan, laisse derrière lui un héritage admirable en Afrique bien qu'il n'ait pas pu concrétiser ses promesses de sortir le continent du joug de la pauvreté, des maladies, des catastrophes naturelles et de la guerre civile, selon des experts kényans.
Les analystes estiment que l'élection de M. Obama en tant que premier président noir des Etats-Unis a insufflé de l'espoir et de l'optimisme sur le continent de ses ancêtres, bien que l'administration de Washington ait déjoué ses tentatives d'y mettre en place des programmes bénéfiques.
Patrick Maluki, expert en diplomatie à l'université de Nairobi, a déclaré que la présidence de Barack Obama manquera à beaucoup de gens en Afrique, bien que toutes les promesses qu'il ait formulées n'aient pas été accomplies.
"Sa présidence était une victoire pour les noirs, même si les obstacles à Washington ne l'aient pas permis de mettre en place tous les grands projets promis pour renforcer notre développement", a expliqué M. Maluki.
M. Obama a passé le pouvoir à Donald Trump le 20 janvier après deux mandats au Bureau Ovale.
Alors que les Africains ont acclamé l'élection de M. Obama en 2008, ils ont été alarmés par la victoire de son successeur à qui l'on prête des tendances racistes et nationalistes.
M. Maluki a indiqué que l'adhésion de M. Obama au système multilatéral a bénéficié à l'Afrique, notamment en matière de résolution des conflits et de commerce avec l'Amérique et les autres économies développées.
"L'African Growth Opportunity Act (AGOA, loi dont le but est de soutenir l'économie des pays africains) a été renforcée sous la présidence de M. Obama. Résultat: les pays africains ont commercé davantage avec l'Amérique", a fait remarquer M. Maluki.
Il a également salué l'initiative "Power Africa" lancée par M. Obama en 2012 pour doubler l'accès à l'électricité sur le continent en exploitant les sources renouvelables.
Malgré les nombreuses initiatives du président, M. Maluki a noté que le Congrès américain avait montré moins d'enthousiasme vis-à-vis des efforts de M. Obama pour aider l'Afrique, et que les grandes compagnies avaient une vision différente.
"Ensemble, le Congrès américain et les grandes compagnies ont parfois fait dérailler l'agenda de développement de M. Obama pour l'Afrique", a souligné M. Maluki.
L'ancien président de 55 ans a visité l'Afrique quatre fois au cours de ses deux mandats.
Au cours du sommet entre les Etats-Unis et les leaders africains à Washington, M. Obama a annoncé 33 milliards de dollars sous forme d'engagements et d'accords avec le secteur privé pour renforcer la croissance économique du deuxième plus grand continent du monde.
Les statistiques du département américain du Commerce ont montré que les investissements directs étrangers de Washington en Afrique sont passés de 37 milliards de dollars à 64 milliards de dollars entre 2008 et 2015.
De même, Washington a dépensé 8 milliards de dollars d'aides pour l'Afrique sub-saharienne en 2015 et en 2016, il a signé des accords commerciaux s'élevant à 9,1 milliards de dollars pour couvrir les secteurs des télécommunications, des énergies, de la santé, de l'agriculture, de la fabrication et des transports en Afrique.
Au cours de ses visites en Afrique, M. Obama a tenté de rétablir les relations bilatérales avec un continent déjà mis à mal par les problèmes liés à la pauvreté, aux maladies contagieuses, aux guerres civiles, au terrorisme et aux chocs climatiques.
M. Maluki a donné comme exemple la présence de M. Obama pendant les crises d'Ebola en 2014 en Afrique de l'ouest et l'a salué pour son soutien à la lutte contre le terrorisme en Somalie, au Nigeria et au Sahel.
Les Africains pourraient bien attendre encore longtemps avant de vraiment ressentir l'impact des huit années de M. Obama à la Maison Blanche, selon lui.
Joshua Kivuva, maître de conférence à l'Institut pour les études sur le développement de l'université de Nairobi, a déclaré quant à lui qu'alors que la présidence de M. Obama avait eu une résonnance émotionnelle puissante en Afrique, les bénéfices économiques n'étaient pas si profonds.
"La présidence de M. Obama était rafraîchissante pour nous mais nous ignorons le fait qu'elle ait eu une influence limitée sur l'assistance au développement pour ce continent. Sans l'approbation du Congrès, M. Obama n'a pas pu apporter l'aide escomptée à l'Afrique", a poursuivi M. Kivuva.
Il a ajouté que les priorités en compétition comme la guerre contre le terrorisme, le chômage aux Etats-Unis, les troubles au Moyen-Orient et la remise en cause des Etats-Unis dans la région Asie-Pacifique avaient contrecarré l'agenda africain de M. Obama.