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Le président syrien réfute les accusations d'Amnesty International et critique vivement la France

Xinhua | 17.02.2017 08h36

Le président syrien Bachar al-Assad a accordé, depuis Damas, une longue interview à la radio française Europe 1 et à la chaîne de télévision TF1, diffusée jeudi, dans laquelle il rejette catégoriquement les accusations de torture formulées par l'ONG Amnesty International et fustige la ligne politique de la France et des Occidentaux en Syrie.

Six semaines après la reprise d'Alep par l'armée syrienne et alors que les discussions doivent reprendre ce jeudi dans la capitale du Kazakhstan, Astana, le chef de l'Etat syrien a qualifié de "totalement faux" et "honteux" le récent rapport d'Amnesty International faisant état de "crimes contre l'humanité" dans une prison syrienne.

Dans un document publié le 7 février dernier, l'ONG a affirmé que 13.000 personnes avaient été pendues en cinq ans dans la prison de Saydnaya près de Damas. "Ce rapport est bâti sur des allégations ! Pas un seul document, pas une seule preuve", a lancé le président syrien aux journalistes d'Europe 1 et TF1, Fabien Namias et Michel Scott. "Nous ne recourons pas à la torture. Ça ne fait pas partie de notre politique", a-t-il affirmé, excluant toutefois toute visite d'observateurs internationaux dans son pays.

Bachar al-Assad a par ailleurs porté de sérieuses accusations contre la politique étrangère de la France. "Depuis le premier jour, [elle] a consisté à soutenir les terroristes en Syrie, et est directement responsable des tueries dans notre pays", a-t-il asséné. Le président syrien s'est également exprimé sur le chef de l'État français François Hollande. "Je ne l'ai jamais rencontré", a-t-il dit, avant d'ajouter : "Pour être franc, je ne me soucie aucunement de lui."

La campagne électorale française, Bachar al-Assad a déclaré la suivre "dans les grandes lignes, pas dans les détails". Entre les candidats, avec qui il affirme n'avoir eu aucun contact, il dit sentir "une différence, mais à la fin, quel que soit le président élu, quelle sera sa politique ? Celle qu'il prônait avant l'élection, ou une autre ? C'est la question", s'est-il interrogé.

Le chef de l'Etat syrien a également fait état jeudi de "contacts indirects" avec les services de renseignement français. "En fait, lors de la visite ici d'une délégation de parlementaires français, l'un d'entre eux était un agent", a-t-il assuré. "Bien sûr, le gouvernement français prétend qu'il s'agit de délégations de parlementaires. Ce n'est pas vrai", a-t-il affirmé.

A la question Vladimir Poutine est-il le vrai décideur en Syrie ?, Bachar al-Assad répond sans hésitation : "Non, il ne l'est pas". Avant de poursuivre : "Les Russes respectent notre souveraineté, à chaque étape qu'ils ont franchie, qu'elle soit d'ordre stratégique ou tactique, ce fut en coopération avec la Syrie. Ils n'ont jamais rien fait sans nous consulter. Ils fondent leur politique sur des valeurs, et sur leurs intérêts, notamment en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme."

Concernant le nouveau président américain, il dit être dans l'attente : "Je ne pourrai me sentir à l'aise avec Donald Trump que lorsque j'aurai vu sa politique vis-à-vis de la Syrie. Je ne l'ai pas encore vue". Le dirigeant syrien, questionné sur le décret interdisant l'entrée sur le territoire américain aux ressortissants syriens, a par ailleurs jugé que "ce n'est pas le peuple syrien qui est visé ici. Ce sont les terroristes, qui pourraient s'infiltrer à travers certains migrants".

Deux mois après avoir repris la ville d'Alep, Bachar al-Assad a estimé que "l'on ne peut pas parler d'avoir gagné la guerre". "Il s'agit d'un pas important sur le chemin qui va nous conduire à battre et éliminer le terrorisme dans notre pays, mais je pense que ce sera un long chemin. Pour une simple raison : parce que les terroristes ont le soutien de nombreux pays occidentaux, y compris la France".

"A la fin de la guerre, on pourra envisager toutes sortes de solutions : les urnes, les élections, tout est possible. D'ici là, le peuple n'a qu'un seul moyen de se prononcer. Ou bien vous soutenir, ou bien ne pas le faire", a assuré Bachar al-Assad, alors que son sort à la tête du pays sera au cœur de la réunion de Genève, qui s'ouvrira le 23 février sous l'égide de l'ONU.

"Les pays occidentaux qui ont été impliqués dans ces processus, notamment la France et le Royaume-Uni, ont perdu une chance d'accomplir quoi que ce soit à Genève, et à deux reprises. Ils n'ont rien réussi parce qu'ils soutenaient précisément ces groupes représentant le terrorisme contre le gouvernement. Leur but n'était pas de faire la paix en Syrie, ils voulaient plutôt utiliser le cadre de l'ensemble du processus pour atteindre leur but", a-t-il asséné.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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