Dernière mise à jour à 08h47 le 17/04
Dimanche en Turquie, le "oui" l'a emporté avec une faible marge au cours du référendum crucial qui visait à passer d'un régime parlementaire à un régime exécutif de nature présidentielle, accordant ainsi au président Recep Tayyip Erdogan davantage de pouvoirs, selon des résultats préliminaires non-officiels.
Après décompte de 99 % des votes, 51,35 % des voix ont approuvé la modification de la constitution, contre 48,65 % de "non", selon des chiffres avancés par l'agence de presse étatique Anadolu.
Plus de 86 % des 55 millions d'électeurs turcs ont pris part au référendum de dimanche, dont 1,3 million de votants résidant à l'étranger.
Le "non" est arrivé en tête dans les trois principales métropoles turques, Istanbul, Ankara et Izmir, ainsi que dans la région du sud-est, majoritairement kurde.
Le vice-Premier ministre Veysi Kaynak a déclaré que les résultats n'étaient pas ceux qui étaient attendus : "les votes en faveur du oui ont été moins nombreux que prévus, mais nous restons néanmoins en tête", a-t-il déclaré dimanche.
Le principal parti d'opposition turc, le Parti républicain du peuple (CHP), a d'ores et déjà déclaré qu'il contesterait les résultats du référendum, et demanderait le recompte de près de 60 % des votes, suite à des allégations d'irrégularités électorales.
Il a également annoncé qu'il ferait objection à la décision du Conseil électoral suprême, qui a déclaré qu'il accepterait les enveloppes de vote non-scellées. De nombreuses plaintes auraient en effet été reçues, selon lesquelles des électeurs auraient été obligés d'utiliser des enveloppes de vote dépourvues de tout tampon officiel.
Le Parti démocratique des peuples (HDP), un parti pro-kurde, a quant à lui fait allusion à "des éléments indiquant une manipulation de 3 à 4 % des votes".
Le nouveau régime présidentiel entrera en vigueur après les élections de 2019, à la fin du mandat actuel de M. Erdogan. Certains changements seront cependant immédiatement appliqués, comme le droit pour le président de diriger le Parti de la justice et du développement (AKP) en même temps qu'il exerce son mandat présidentiel, ou encore la possibilité de nommer des candidats à des postes de haut niveau sans avoir besoin de l'approbation du parlement.
Le nouveau régime abolira le poste de Premier ministre, remettant le pouvoir exécutif aux seules mains du président, tout en réduisant le rôle du parlement.
Le président reçoit ainsi le droit d'émettre des décrets ayant valeur de loi, et de remplacer n'importe quel haut fonctionnaire par décret présidentiel sans consulter le parlement. Il pourra en outre nommer sans en référer au parlement autant de ministres et de vice-présidents qu'il le souhaite, et dissoudre le parlement pour organiser de nouvelles élections.
Ces amendements ont été critiqués par le CHP et le HDP, qui les considèrent comme contraires au principe de séparation des pouvoirs qui fonde la démocratie parlementaire.
Le parti au pouvoir défend quant à lui cette réforme, arguant de l'inefficacité du système administratif actuel.
Le président Erdogan a exercé trois mandats consécutifs de Premier ministre, avant de devenir le premier président turc à être élu au suffrage universel direct en 2014.