Dernière mise à jour à 10h28 le 23/03
L'ancien président français Nicolas Sarkozy, mis en examen mercredi soir dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne électorale de 2007, s'est exprimé jeudi soir à la télévision pour dénoncer les "calomnies" dont il s'estime victime, assurant n'avoir "jamais trahi la confiance des Français" et promettant de "rétablir son honneur".
"Je veux dire la profondeur de mon indignation. Je ne veux pas ici parler de politique. Je veux dire aux Français que je n'ai jamais trahi leur confiance", a commencé par déclarer l'ancien président français Nicolas Sarkozy sur le plateau du 20 heures de TF1.
L'ex-chef de l'Etat français qui fut l'un des artisans de la chute de Mouammar Kadhafi, tué en 2011 par les rebelles libyens, avait été placé en garde à vue entre mardi et mercredi dans les locaux de l'office anti-corruption (Oclciff) à Nanterre, près de Paris.
Mis en examen mercredi soir des chefs de corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyen, l'ex-chef de l'Etat a affirmé jeudi avoir "des documents à produire", en brandissant devant la caméra un "procès-verbal de synthèse signé d'un officier de police judiciaire".
Revenant sur les circonstances de sa garde à vue, il a déclaré qu'"aucun élément nouveau n'a été produit" et a affirmé avoir répondu aux questions des enquêteurs "sans être jamais à un moment en difficulté".
"Je ne me suis jamais soustrait une seconde aux obligations de la justice. Qu'est-ce qui pouvait bien justifier la garde à vue? ", a-t-il dit. "Je ne suis pas au dessus des lois. Mais je ne suis pas en dessous non plus", a-t-il ajouté.
Pendant cet entretien télévisuel qui a duré 25 minutes, l'ancien président français a fustigé à mainte reprises "le clan Kadhafi" qualifié d'"infâme", et le "sinistre", "l'escroc" Ziad Takieddine - l'homme d'affaires franco-libanais déjà mis en examen dans ce dossier. Il a également attaqué frontalement le site d'information Mediapart à l'origine des premières révélations en 2012 dans cette affaire.
"On m'interroge sur les frais de ma campagne de 2007. Je l'avais déjà été auparavant, dans l'affaire Bettencourt. Il y a eu un non lieu. On y revient plusieurs années, cette fois parce qu'un ignoble dictateur aurait financé ma campagne", a-t-il dit. "Il n'y a pas de preuve matérielle, il n'y a que la haine, la boue, la médiocrité, la calomnie", a affirmé l'avocat de formation.
"Le document dévoilé par Mediapart est probablement un faux, plusieurs officiers de police judiciaire l'ont écrit dans le document que je tiens en main", a-t-il lancé bien que la justice soit arrivée à une autre conclusion. "Les deux signataires de ce document ont eux même dit que ce document était un faux", a-t-il poursuivi.
"Aucun indice n'est concordant. Pas un seul membre de la bande de K ne fournit les mêmes chiffres", a-t-il ajouté.
L'affaire a débuté en avril 2012 avec la publication par le site d'information Mediapart d'un document libyen faisant état d'un "accord de principe" pour le versement d'une somme de 50 millions d'euros pour le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2007 par la Libye de Kadhafi.
Nicolas Sarkozy a toujours nié les faits allégués.
"J'ai conduit la coalition internationale contre le régime de Khadafi. Elle a duré huit mois, il est mort en octobre 2011. Il avait donc sept mois pour faire sortir les documents attestant de mon financement. Il n'a rien fait", a-t-il lancé. Avant de poursuivre: "Un des fils de Khadafi assurait avoir des documents. Aujourd'hui encore, il n'y a rien. Il n'y a que la boue, la haine et la calomnie."
Concernant Ziad Takieddine qui affirme avoir transporté 5 millions d'euros en liquide de Tripoli à Paris entre la fin de 2006 et le début de 2007 pour les remettre à l'ancien Secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant, puis à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, l'ex-chef de l'Etat a commenté: "Takieddine est un intermédiaire sulfureux qui a fait de la prison, et qui a pillé la Libye. Il n'est jamais venu à l'Élysée. C'est une ignominie de prétendre qu'il est venu."
"Je suis blessé au plus profond de moi-même, pas pour moi, mais pour mon pays. On n'a pas le droit de jeter des gens dans la boue parce que des assassins l'ont voulu. Je ne peux pas laisser faire ça", a conclu Nicolas Sarkozy.