Dernière mise à jour à 10h28 le 23/03
Il avait pris ses fonctions en 2016 en tant qu'indépendant politique prétendant que ses solides références commerciales soutiendraient l'économie du Pérou tout en balayant la corruption endémique qui ronge le pays. Mais avec son offre de démission, Pedro Pablo Kuczynski rejoint à présent une longue liste de présidents péruviens récemment défaits par des scandales qui ont aussi détruit la confiance des électeurs dans leurs élus. M. Kuczynski, entouré de son gouvernement, a annoncé sa décision de démissionner le 21 mars dans une allocution télévisée nationale, accusant les opposants menés par la fille de l'ancien homme fort Alberto Fujimori d'avoir comploté son renversement pendant des mois et de l'avoir empêché de gouverner.
Peu de temps après, il est sorti par la porte arrière du palais présidentiel baroque construit par les conquérants espagnols et a été emmené, tout seul, dans un SUV. C'est une fin peu glorieuse à une présidence qui avait pourtant commencé avec les attentes les plus élevées. Lorsque M. Kuczynski, un ancien investisseur de Wall Street, a été élu en 2016, il a immédiatement été à la tête d'un renouveau conservateur en Amérique du Sud. Les électeurs étaient fatigués des gouvernements orientés à gauche autrefois dominants, entachés de corruption et accusés d'avoir gaspillé un boom des produits de base qui avait pris fin brutalement.
Au Pérou, il avait promis une vague d'investissement de vieux amis d'affaires aux États-Unis, où il a vécu pendant des décennies et a rencontré ses épouses américaines, actuelle et ancienne. Il en a également surpris beaucoup en s'exprimant vigoureusement contre le président du Venezuela, Nicolas Maduro, et en dirigeant une coalition de dirigeants partageant les mêmes idées pour isoler le leader socialiste accusé de violations des droits de l'homme. Mais son action a été vite entravée, et ses aides se sont plaints de son entêtement et de sa naïveté politique. « Quand Kuczynski est arrivé, tout le monde l'a salué comme le salut du Pérou », a déclaré Laura Sharkey, analyste basée à Bogota chez Control Risks. « Mais il a complètement sous-estimé la force de l'opposition ».
Même sur le plan économique, son fort, M. Kuczynski a échoué, la croissance ayant ralenti, sans parler des projets miniers et d'infrastructure promis et qui ne se sont jamais concrétisés. Cependant, les électeurs ont été surtout indignés par sa malhonnêteté apparente, un fléau qui a longtemps dominé la politique péruvienne et auquel il avait juré de mettre un terme. Le coup de grâce lui a été donné par l'opposition qui a accusé le gouvernement, vidéos à l'appui, d'avoir acheté des votes en décembre pour éviter la destitution du président, lors de la première procédure devant le Parlement, qui pourrait aussi à présent refuser sa démission et l'humilier plus encore en le destituant officiellement.