Diffusion des premières images d'un récif de corail récemment découvert au Brésil

Les premières images d'un récif de corail unique qui a stupéfié les scientifiques lors de sa découverte en 2016 à l'embouchure de l'Amazone viennent d'être diffusées. Au fur et à mesure de son exploration par les scientifiques, les plus de 1 000 km de ce récif devraient révéler de nouvelles espèces, mais les compagnies pétrolières envisagent de forer dans la région. Les photographies ont été prises à partir d'un sous-marin envoyé à une profondeur de 220 mètres depuis le navire de Greenpeace, l'Esperanza. Selon le groupe de protection de la nature, il faudrait éviter tout forage pour protéger le récif.

La découverte du récif, qui va de la Guyane française à l’État de Maranhão au Brésil, a été une surprise totale pour les scientifiques parce que beaucoup de grands fleuves du monde ont d'importantes lacunes dans les systèmes de récifs situés à leur embouchure. Et dans le cas présent, c'est encore plus étonnant, car les coraux prospèrent surtout dans les eaux éclairées par un soleil clair, et les eaux situées près de l'embouchure de l'Amazone sont parmi les plus boueuses au monde. Mais le récif couvre l'embouchure de l'Amazone et est déjà connu pour être le foyer de plus de 60 espèces d'éponges, 73 espèces de poissons, de langoustes et d'étoiles de mer.

« Ce système de récif est important pour de nombreuses raisons, y compris du fait qu'il possède des caractéristiques uniques en ce qui concerne l'utilisation et la disponibilité en lumière », a déclaré Nils Asp, chercheur à l'Université fédérale de Pará à Belém, au Brésil, à bord de l'Esperanza. « Il a un énorme potentiel pour de nouvelles espèces, et il est aussi important pour le bien-être économique des communautés de pêche le long de la zone côtière amazonienne ». Néanmoins, des concessions d'exploration pétrolière ont été accordées pour la région et les compagnies pétrolières Total, BP et Petrobras pourraient commencer les forages si elles obtiennent l'autorisation du gouvernement brésilien.

« Nous devons défendre le récif et toute la région à l'embouchure du bassin du fleuve Amazone contre la cupidité des entreprises qui placent leurs bénéfices avant l'environnement », a déclaré Thiago Almeida, un militant de Greenpeace Brésil. L'embouchure du bassin du fleuve Amazone est également l'habitat du lamantin américain, de la tortue jaune du fleuve Amazone, de dauphins et de loutres de rivière.

Les scientifiques ont révélé l'existence du récif en avril 2016 et avaient alors écrit : « Ces concessions [d'exploration] vont bientôt produire du pétrole à proximité des récifs, mais la ligne de base de l'environnement établie par les entreprises et le gouvernement brésilien est encore naissante et en grande partie basés sur de rares spécimens de musée. Ces activités industrielles à grande échelle présentent un défi environnemental majeur ». Selon Greenpeace Brésil, 95 puits ont déjà été forés dans la région, dont aucun ne trouve du gaz et du pétrole économiquement ou techniquement viables. Mais le gouvernement brésilien estime que la zone pourrait contenir pas moins de 14 milliards de barils de pétrole.